« Notre souhait pour le tourisme est de positionner Rabat et sa région comme une vraie destination touristique à l’instar de Marrakech et Agadir ».
Directrice générale du Conseil régional du tourisme de Rabat-Salé-Kénitra, Nadia Benslimane, nous invite à visiter sa région en parlant des opportunités et perspectives de développement en matière touristique.
Pouvez-vous nous présenter le Conseil Régional du Tourisme de Rabat-Salé-Kénitra, sa mise en place, ses missions et compétences ?
Notre Conseil Régional du Tourisme (CRT) a été créé en novembre 2004 sous le statut d’association consulaire et ce, conformément à la stratégie de l’Etat mise en place nommée « Vision 2010 » qui consacre l’approche régionale comme un axe stratégique majeur de la nouvelle politique touristique. C’est ce qui fait du tourisme, un secteur prioritaire pour la région. Il existe des CRT dans chaque région au Maroc. Notre Conseil fédère l’ensemble des partenaires régionaux : les autorités nationales avec les services extérieurs de l’administration et les autorités locales représentée par le Wali (ou le Gouverneur), les collectivités avec les élus locaux, les professionnels du secteur (hôtellerie, restauration, secteur culturel) et les aménageurs -développeurs. Les missions du CRT que je dirige, sont de contribuer au développement de l’industrie touristique au sein de la région, à la mise en œuvre des conditions nécessaires pour assurer un développement durable du tourisme à Rabat et de sa région. Nous œuvrons aussi pour améliorer le positionnement stratégique de la région sur le marché national et international du tourisme. De plus, nous menons une action globale et consensuelle à même de focaliser l’attention des pouvoirs publics et des acteurs majeurs du secteur mais aussi des marchés émetteurs de Rabat et de sa région en tant que destination touristique, et ce en partenariat avec l’Office national marocain du tourisme (ONMT). Nous sommes aussi en charge de veiller à la qualité de la formation en collaboration avec les établissements de formation ainsi que de la qualité des services offerts à nos visiteurs. Le CRT de Rabat-Salé est donc un outil de développement et d’animation.
Quels sont aujourd’hui les points forts de la région ?
Les points forts et les grands domaines d’attractivité de votre Région repose sur l’histoire exceptionnelle de notre région, sa richesse culturelle et la diversité de ses sites naturels. La nouvelle configuration régionale Rabat-Salé-Kénitra est un atout remarquable pour la diversification du tourisme de cette grande région. La fusion des deux anciennes Régions Rabat – Salé- Zemmours – Zaërs et Gharb – Chrarda Bni Hssen permet à cette nouvelle région de se diversifier. Faisant partie de la région centre Atlantique du pays (appartenant à la « vision 2020 »), notre région est nommée « la côte des affaires et des loisirs ». En effet, la région de Rabat-Salé-Kénitra a dans son ADN un positionnement culturel fort au vu de l’occupation humaine qui remonte à la Préhistoire, aux Phéniciens et aux Romains notamment et dont les vestiges se retrouvent aussi bien aussi bien à Rabat-Salé que sur les sites archéologiques de Thamusida, Banassa Harhoura, Oued Beht.
De plus, environ 80% du territoire de la région est en zone rurale avec de espaces naturels de grande valeur sans oublier les 170 kms de littoral. Enfin, autre point fort et non des moindres, il s’agit de la ville même de Rabat, chef-lieu de la région mais aussi et surtout la capitale du Royaume, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2012. Nommée « ville lumière, capitale culturelle du Maroc », Rabat est le porte-étendard moderne de l’authenticité marocaine. « Elégante et secrète », elle est ancrée dans son histoire mais tournée vers l’avenir. C’est une ville résolument moderne qui a su préserver son côté authentique. Elle confond dans une même élégance son cœur historique et sa cité moderne. Elle offre à ses citoyens et visiteurs des expériences enrichissantes, des découvertes inattendues, un cadre de vie de grande qualité et un environnement naturel d’exception. Rabat « ville jardin » est une ville propre et verte avec plus de 20m² d’espaces verts par habitants, des parcs urbains et une ceinture verte qui forme un écrin pour Rabat.
Engagée de plein pied dans la modernité, Rabat dispose d’excellentes infrastructures et notamment d’une gare TGV. Les projets structurants tels que le tramway, l’aménagement des berges du Bouregreg, la Corniche, en font aussi une ville moderne, avec une dynamique touristique positive. Ainsi, le projet de développement quinquennal 2014-2018, Rabat « ville lumière, capitale culturelle du Maroc » va lui donner encore plus d’éclat avec des projets de grandes envergures : tels que le grand théâtre de Rabat et la Maison de la Culture.
Une culture vivante et moderne
A Rabat, on trouve les monuments historiques classés dont la Tour Hassan et le Mausolée Mohamed V, la Médina andalouse, les remparts et portes, le site romain du Chellah « Sala Colonia » et sa nécropole mérinide, la Qasba des Oudaïa, les bâtiments d’architecture coloniale mais aussi du XXème siècle et puis les jardins historiques tels que le jardin du Triangle de vue, le jardin d’Essai Botanique et le quartier des Habous. Tous les arts s’y retrouvent dans sept musées dont le musée Mohammed VI d’art moderne, le musée Bank Al Maghrib, le musée des Oudayas, le musée Archéologique, la Bibliothèque Nationale du Royaume, les galeries d’arts telles que la Villa des Arts, Galerie Bab Rouah sans oublier le Théâtre Mohammed V. La ville est aussi le lieu de grands événements tels que le festival Mawazine, Jazz au Chellah, cortège des cierges, festival du cinéma féminin de Salé, festival des corsaires, le Street Art, le trophée Hassan II de golf qui fait partie de l’European Tour ainsi que des compétitions hippiques. La ville bénéficie d’un arrière pays regorgeant de sites naturels qui en font un atout de poids et de bénéficier d’un climat tempéré toute l’année. Il y a notamment Salé, la cité millénaire sur la rive droite de l’oued Bouregreg, jumelle de Rabat, avec sa médina, son architecture militaire, ses murailles, ses portes et bordjs, la médersa mérinide, les zaouïas et les mausolées sans oublier « La légende des deux rives ». Il y a aussi les sites archéologiques romains sur la plaine de Gharb de Thamusida, Banassa, Rhya. On peut également visiter la Qasba de Mehdia et celle de Kénitra.
De grands sites naturels
La région bénéficie d’un littoral important avec de belles plages, des spots pour le surf, des lagunes (Skhirate, Témara, Bouknadel, Mehdia), la Merja Zerga (RAMSSAR), la future orniche de Rabat sur13 km, le projet Addoha à Bouknadel littoral de Salé mais aussi l’aménagement en cours des Rives du Bouregreg et les berges de oued Sbou. La région a aussi un couvert végétal important propice à la découverte et à la randonnée avec la forêt de la Maamora (130.000 ha constituée essentiellement de chêne liège), celle du Korifla (20.000 ha), des M’Khinza (4.000 ha) ainsi que le plateau d’Oulmès et les hauts plateaux du pays Zaer ainsi que la fôrêt de Aïn Felfel et de Harcha, la réserve de chasse de Arboua et la réserve biologique de Sidi Boughaba (zone RAMSAR). Il existe aussi de grandes ressources hydriques valorisantes offrant des espaces de balade, de sport nautique et des zones de verdure remarquables avec le lac Sidi Mohammed Ben Abdellah, celui de Rouidate, de Dayet Roumi et d’Al Kanzra ainsi que les berges de l’Oued Sbou et des zones propices au tourisme thermale dont Oulmes, Rommani, Sebt Marchouch.
Quelle est la stratégie régionale de développement touristique actuelle que vous développez ? Pouvez-vous nous donner quelques tendances sur la fréquentation et les profils des visiteurs de la région?
Conformément à la stratégie nationale « vision 2020 », notre ambition pour la Région est de construire un tourisme d’avenir pour tous, créateur d’emplois et respectueux de l’environnement, « Un tourisme innovant et durable » afin de faire du tourisme un facteur d’attractivité, de rayonnement, d’emploi et de développement territorial mais aussi de développer un tourisme engagé dans la valorisation de l’environnement et promouvant un tourisme solidaire et accessible à tous. Nous souhaitons également accroître les retombées économiques du tourisme de manière à créer des emplois, augmenter le nombre de nuitées ainsi que les retombées économiques. Cette stratégie touristique durable et innovante a pour but aussi d’impacter l’économie régionale.
Nous souhaitons mettre en place une identité touristique de la région basée sur trois piliers que sont la culture, la nature et le balnéaire en structurant une offre « à haute contribution » pour l’adapter à la demande pour des trois filières majeures que sont le tourisme culturel, de nature et balnéaire. Enfin, conformément au découpage touristique national actuel « Région Centre Atlantique », nous voulons inscrire notre développement touristique de la région dans un souci de cohérence nationale, de complémentarité et de concurrence. Nous souhaitons également travailler dans la durée en passant d’une démarche de tourisme de niche à une démarche intégrée implantant toute la chaîne de valeur de l’offre à la consommation. Il s’agit aussi pour nous de viser l’excellence en matière d’accueil et de valorisation touristique des sites naturel et culturels en nous appuyant sur le pôle structurant de Rabat-Salé pour rayonner sur les autres destinations régionales et renforcer la capillarité entre la région et les autres destinations comme Marrakech ou Agadir.
Car, malgré les atouts touristiques, le secteur du tourisme dans notre région occupe jusqu’à présent une place modeste dans l’économie. Fin 2016, nous avons enregistrés plus de 530 000 nuitées. La durée moyenne de séjour est de 1,9 semaines alors que la moyenne nationale est de 3,1. Mais notre capacité en lits est en nette croissance avec une capacité de 6 998 lits classés contre 5 600 lits en 2013. Plus de 3 500 lits sont en cours de réalisation avec des ouvertures nouvelles dès cette année 2017. Ainsi, la destination Rabat- Salé-Kénitra est une destination en devenir qu’il convient de consolider avec une vraie stratégie et un positionnement lui permettant de se différencier des autres destinations concurrentes. Notre souhait pour le tourisme, dans la région, c’est justement de positionner Rabat et sa région comme une vraie destination touristique à l’instar de Marrakech et Agadir. Donc, pour améliorer le positionnement de la région à l’échelle nationale, nous avons pour ambition de capitaliser sur les synergies importantes qui existent avec les sites de Casablanca et El Jadida afin de s’établir comme la « Côte des Affaires et des Loisirs » du pays. Au sein de cette côte, la région, ancrée dans le site de Rabat, pourrait être positionnée comme la « Capitale Sereine », dans laquelle le touriste peut se ressourcer lors d’un voyage d’affaires et potentiellement le prolonger. Ainsi, la région pourrait structurer la croissance de son tourisme autour de 2 axes majeurs. Tout d’abord de poursuivre le développement des grands projets en cours (le plan quinquennal 2014-2018 pour la mise à niveau urbaine de Rabat, sa future corniche, la station de Mehdia ainsi que le port de « Kénitra Atlantique »). Pour cela, nous voudrions consolider le développement de l’offre pour le tourisme d’affaires avec la mise en place d’équipement adéquats comme un palais des Congrès et en enrichissant le produit avec une offre culture et ceci dans le cadre du programme « Mdinti » et développer une offre en animation et loisirs de haute valeur ajoutée (parc d’attraction, circuit / resort et golf, des manifestations culturelles et sportives, le golf, le tourisme de bien-être et de santé). Enfin, nous souhaitons également développer le tourisme rural, l’agro-tourisme.
Nous voulons donc mettre en place pour cela une politique promotionnelle pour les 10 années à venir avec une marque tourisme « Rabat et sa Région », viser les marchés émergents à fort potentiel, adopter un positionnement marketing qui valorise la diversité de l’offre, donc développer une stratégie web marketing avec le m(e)-tourisme. Enfin, nous voulons aussi nous préparer à plus long-terme (au-delà de 2020) à l’émergence de Rabat comme destination de city-break à part entière. Sur ce plan et dans le cadre de notre partenariat avec l’ONMT, notre CRT compte renforcer sa participation aux différentes manifestations nationales et internationales (foires, work shop), investir le digital pour de donner plus de visibilité à la destination et encourager l’investissement touristique dans la région.
La formation est un sujet important dans le tourisme, quelle politique souhaitez-vous mettre en œuvre dans ce domaine ?
Le CRT entend soutenir fortement les programmes de formation touristiques auprès des opérateurs dans l’éco-tourisme notamment. Rabat concentre énormément de diversité dans le domaine de l’éducation et de la formation avec de grandes infrastructures universitaires. Nous voulons privilégier les formations pour les métiers du tourisme (formations diplômantes et formations continues au profit des différents prestataires et ce, dans un souci de garantir la qualité de services). Nous souhaiterions également mettre en place une école d’excellence conformément à la stratégie nationale touristique. L’enjeu pour la région est de former plus de 48 000 jeunes d’ici 2020, de créer de nouvelles filières.
Le potentiel touristique et d’investissement est donc à développer. Comment envisagez-vous le positionnement de la région dans l’avenir au niveau international ?
Nous sommes une région en plein développement et où il y a des opportunités d’investissement dans tous les secteurs et notamment dans le secteur du tourisme. Nous avons encore beaucoup de « place » sur le littoral pour nous développer, mais cela suppose aussi pour nous d’investir dans les réseaux. Notre Conseil est sur cette dynamique. Un investissement important a été engagé pour l’ancrage du produit touristique déjà sur la période 2011-2016. Notre destination est une destination en devenir, plus de 3500 lits sont cours de réalisation. Nous voulons doubler la capacité du secteur et viser les marchés européen dont la France, l’Espagne, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, mais aussi les marchés émergeants avec les USA, les pays scandinaves, les pays Arabes et la Russie mais aussi les marchés qui sont des relais de croissance comme la Chine, l’Inde, le Brésil et les pays Africains
Sont en cours le développement de la capacité d’hébergement, du Meetings, Incentive, Convention & Events (MICE) et des animations avec :
- de nouvelles capacités de lits : + 3.092 lits dont 1792 lits sur la nouvelle station de Biladi Mehdia (hors 742 emplacements du camping) ;
- l’injection d’offres MICE et d’animations avec le Pôle Wessal Bouregreg avec un investissement total de 9 milliards de dirhams mais aussi sur le Grand Théâtre, le Musée de l’archéologie et des sciences de la Terre, la maison de la Culture et la Marina Bouregreg ;
- le renforcement de l’offre culturelle avec le développement du Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain ;
- et la captation de grandes enseignes hôtelières comme le Marriott, le Ritz Carlton et le Fairmont.