Vladimir Goutenev préconise de ne pas admettre que des facteurs politiques continuent d’affecter négativement le business franco-russe. Explications…
Veuillez bien nous parler des objectifs essentiels de SOYUZMASH en tant qu’organisation sociale et participant actif au processus de renouvellement du parc machine des entreprises industrielles.
Nous sommes convaincus que le secteur secondaire est la ressource principale du développement socio- économique de la Russie, de la création de nouveaux emplois high tech dignement rémunérés.
Donc, l’axe stratégique des activités de notre organisation passe par le lobbying, pratiqué dans le respect de la loi, des intérêts de l’industrie nationale, avant tout, des constructions mécaniques, son noyau technologique.
Aujourd’hui, nous avons une tâche ardue : devenir compétitifs dans l’arène mondiale toute en modernisant la production traditionnelle. La substitution à un rythme prioritaire des importations acquiert elle aussi une importance particulière.
Jouissant du prestige de l’Union, de ses potentialités de légifération et d’expertise, nous affrontons avec énergie et obstination les problèmes systémiques du développement industriel dans les domaines législatif, technologique, humain, international et autres.
Par exemple, il s’est formé tout un domaine de travail législatif où l’Union sert d’un fort appui à la promotion des initiatives de l’État. Cela concerne les projets de loi stratégiques relatifs à la politique industrielle, à la planification stratégique par l’État, aux principes du partenariat publique/privé, etc.
D’autre part, dans certains domaines, nous jouons le rôle de générateur d’idées pilote, d’initiateur dans la formation du milieu d’avenir. Il suffit de rappeler qu’en 2013 nous avons soumis à la Douma d’État 56 projets de loi liés, pour la plupart, aux problèmes du développement industriel.
Par exemple, nous avons défendu dans une large mesure les volumes prévus de financement budgétaire et même les faire augmenter dans la recherche, les constructions navales, l’automobile, la construction de moyens de transport, la production de composites, l’industrie des métaux rares et des terres rares.
Grâce aux modifications apportées au Code budgétaire de la Fédération de Russie, nous avons restitué les bases légales du soutien par l’État des fabricants de voitures de tourisme et de motocyclettes en soustrayant leur production au droit d’accise.
L’Union lance des initiatives dans la solution de problèmes aussi brûlants que la substitution d’importations, la reprise du programme des crédits préférentiels pour l’achat de voitures, la protection des fabricants nationaux de matériel agricole contre les importateurs malhonnêtes, et dans d’autres domaines.
Notre organisation contribue de façon substantielle à la solution du problème des cadres et à la formation de la jeune génération innovante.
Par exemple, selon les résultats des appels d’offres publics du Ministère du Travail, l’Union a élaboré plus de 30 normes professionnelles. Cela signifie que la certification des spécialistes sera réalisée conformément aux exigences émises par la production.
Un travail est mené dans un esprit de suite en vue d’intégrer la formation professionnelle à la production en élargissant le programme des stages pour étudiants des écoles supérieures techniques auprès des usines de constructions mécaniques.
L’Union crée des conditions de base préalables à la formation d’une génération innovante de jeunes spécialistes en organisant des conférences annuelles science-pratique « L’avenir des constructions mécaniques » auprès de l’Université technique d’État Bauman de Moscou, le forum international traditionnel de la jeunesse « Les ingénieurs de l’avenir » et le concours « Commande pour les innovations ».
L’an passé, nous avons organisé pour la première fois un mouvement pour les Olympiades scolaires de sciences techniques et naturelles en vue d’y augmenter la part des composants liés au développement industriel. Plus de 100 000 participants, près de 20 écoles supérieures et plus de 10 entreprises industrielles y ont pris part.
L’Union étend énergiquement la coopération internationale, accordant une attention primordiale au partenariat avec les États avancés sur le plan technologique. Parmi eux, la Suisse, l’Allemagne, la France, l’Italie, la République Tchèque, ainsi que la Chine, le Brésil et la Corée du Sud, pays dynamiques.
L’Union des constructeurs de machines de Russie coopère avec la Fédération des Industries Mécaniques de France. En quoi cette coopération est utile à l’Union, quelles préférences elle en attend pour ses entreprises ?
Effectivement, en novembre 2013, un Accord de coopération a été passé entre l’Union des Industries Mécaniques de Russie et la Fédération des Industries Mécaniques de France. La FIM est une organisation sectorielle très importantes qui regroupe plus de 30 associations. Les grands axes de ses activités sont les innovations et le développement international.
L’utilité réciproque de la coopération entre ces deux grandes organisations profilées de constructeurs de machines est évidente. La Russie met en oeuvre des plans grandioses de réarmement technologique et technique de ses entreprises industrielles, raison pour laquelle la participation de compagnies françaises à la conquête du marché russe des équipements high tech sera extrêmement utile aux deux parties.
Dans le contexte d’une vive concurrence, la France reçoit la possibilité de s’incruster plus activement dans notre marché, non seulement comme fournisseur, mais aussi comme partenaire dont des unités de production se trouvent sur le territoire de notre pays.
Quant aux entreprises membres de l’Union, elles reçoivent la possibilité d’emprunter à leurs collègues français tels ou tels procédés d’organisation du business. Les premiers contacts avec la FIM ont déjà généré des idées intéressantes qui concernent, notamment, le soutien aux petites et moyennes entreprises, aux centres d’exploitation collective du matériel, la création de bibliothèques intelligentes, etc.
L’industrie électronique russe a reçu, elle aussi, pas mal de préférences de cette coopération. Notamment, devant la compagnie « Roselektronika », membre de l’Union, groupement des plus importants de fabricants russes de composants électroniques, qui s’ouvrent de nouvelles possibilités de marketing pour faire participer de nombreuses PME de France à la réalisation de contrats pour la livraison d’équipements divers.
Que pensez-vous des relations commerciales et économiques franco-russes dans leur ensemble ? Veuillez bien nous citer des exemples de coopération entre les entreprises françaises et russes dans le domaine des constructions mécaniques.
La France est parmi les partenaires commerciaux et économiques prioritaires de la Russie. Notre pays est pour elle le troisième débouché d’exportation après les Etats-Unis et la Chine. La France vient en troisième position pour les investissements directs dans notre économie. La Russie compte quelques 470 entreprises créées avec participation du capital français dans les secteurs les plus différents : transports, énergie, agro-industriel, pharmaceutique, industrie alimentaire, etc.
Et aussi, naturellement, dans les constructions mécaniques. Il suffit de rappeler que c’est avec la France que « Rosteh », un des groupes russes les plus importants, maintient les relations de partenariat les plus larges dans l’arène internationale.
Aux termes de contrats signés, on procèdera en Russie à la fabrication de caméras thermiques conjointement avec la compagnie « Thales », ainsi qu’à la conception, à la fabrication et à la maintenance de systèmes de navigation laser en coopération avec le groupe français « Safran ».
Le partenariat entre « Rosteh » et le groupe « Renault-Nissan » dans la réalisation d’un programme production-investissement à l’usine automobile russe « AvtoVAZ » a marqué un pas important dans cette direction.
On peut également citer des exemples de coopération dans la fabrication de machines pour l’industrie atomique. Il s’agit du projet de la joint-venture « Alstom – Atomenergomash » de fabrication de turbines lentes pour centrales nucléaires. Dans la construction de moyens de transport, ce sont la participation d’« Alstom » au capital de « Transmashholding » et la coproduction du matériel roulant pour chemins de fer qui sont concernées.
Dans l’industrie électronique, bien prometteuse est la coopération avec la compagnie française « Alcatel- Lucent » à la réalisation du projet « Pulsar ». Il s’agit de créer, dans le cadre de l’entreprise moscovite « Pulsar », un centre recherches-développement qui sera entièrement intégré au réseau global de la compagnie française des centres spécialisés dans le domaine des technologies sans fil situés en Chine, en Inde, en Espagne, en France, en Allemagne, en Roumanie, aux États-Unis et au Canada.
Dans l’ensemble, le partenariat franco-russe privilégié a un potentiel appréciable dans un spectre très large de domaines dont l’Espace et les armements sont les plus « délicats ».
Quels sont les grands axes et les secteurs principaux du partenariat entre les entre- prises de SOYUZMASH et la FIM ?
La clause principale de l’Accord de coopération entre nos organisations prévoit la coordination des efforts réciproques dans le but d’un développement innovant des constructions mécaniques et des industries connexes. C’est la ligne générale de notre partenariat.
Des entreprises pilotes de presque toutes les branches de constructions mécaniques de Russie adhèrent à notre Union. Parmi les principaux domaines d’activité de la Fédération des Industries Mécaniques on peut citer la fabrication d’équipements, de machines-outils, d’instruments d’optique, d’instruments de mesure et d’outillage. C’est ce qui détermine le format, les orientations et les secteurs de développement du partenariat entre SOYOUZMASH et la FIM.
L’effort principal sera, naturellement, axé sur la réalisation de projets high tech communs dans les secteurs stratégiques : l’Espace, l’aéronautique, l’automobile, les moyens de transport, le matériel énergétique, le machinisme agricole…
Mais je pense que nous ne manquerons pas non plus de prêter attention au développement, par exemple, d’une branche relativement jeune dans notre pays qu’est la prestation de services de formation. Car la France est un leader pour le nombre des accords de double diplôme passés avec des universités russes. À ce jour, il y en a plus de 100 dont 30 dans le domaine des sciences exactes, ce qui nous intéresse particulièrement. A noter que de nombreuses écoles supérieures techniques russes, dont la célèbre Université Bauman, sont membres de notre Union. Il existe donc une base pour étendre une telle coopération.
Quels obstacles empêchent l’établissement de nouvelles relations de partenariat ? Les barrières administratives, les modes de règlement, l’harmonisation des normes ?
Malheureusement, de tels obstacles à la réalisation des projets communs demeurent. Ce sont les barrières administratives trop élevées, la lenteur des procédures juridiques, le problème de l’harmonisation des normes, l’incertitude de la stabilité des prix des ressources énergétiques, du bail de la terre, des services collectifs…
À mesure que la législation russe se perfectionne et grâce à l’adhésion de la Russie à l’OMC, ces obstacles deviennent moins nombreux. De plus, comme le montre l’expérience d’un nombre impressionnant d’entreprises franco-russes, ils sont bien franchissables, surtout avec le soutien de la part d’organisations aussi puissantes que l’Union des constructeurs de machines de Russie et la Fédération des Industries Mécaniques de France.
L’essentiel que nous ne devons pas admettre, c’est l’impact pernicieux des facteurs politiques sur nos ambitions communes.
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