Le réseau francilien est l’un des plus denses et plus fréquentés d’Europe
En 2011, un accord «historique» État-Région sur le Grand Paris a été conclu. Il prévoit,
notamment, de développer les transports publics dans la région.
Pouvez-vous évoquer les efforts entrepris depuis l’accord de 2011?
Il faut voir l’accord de 2011 pour ce qu’il est : une étape dans un long combat pour la modernisation des transports du quotidien. Après vingt ans de sous-investissement chronique de la part de l’État, qui a longtemps préféré faire du TGV plutôt que de rénover des trains de banlieue, le réseau francilien avait besoin d’investissements massifs. Il a fallu attendre que les collectivités aient la responsabilité des transports. Ce ne fut le cas qu’en 2006 !
Et depuis, si j’ose dire, nous avons mis le paquet, avec le plan de mobilisation : nouvelles lignes de tramway (100 km de lignes aujourd’hui), prolongements de lignes de métro, renouvellement du matériel roulant, lancement de la modernisation des RER (dont le B, au nord) sans oublier la rénovation des gares et le développement massif de l’offre de bus. C’est un chantier de longue haleine qui continue encore de se poursuivre aujourd’hui, et qui porte progressivement ses fruits. N’oublions pas que le réseau francilien est l’un des plus denses et des plus fréquentés d’Europe.
Que reste-t-il de sarkozyste dans le Nouveau Grand Paris tel qu’il existe aujourd’hui ?
En toute honnêteté, pas grand-chose ! Le projet initial prévoyait 12 stations pour desservir quelques clusters. Il était plutôt hors sol, assez éloigné des besoins des Franciliens. Nous avions une autre vision de la Région Capitale. Nous nous sommes donc battus pour faire évoluer le projet. Avec Maurice Leroy en 2011, nous nous sommes mis d’accord pour passer de 12 à 72 gares. Avec Jean-Marc Ayrault, puis avec Manuel Valls, nous avons fait un saut : le métro automatique et la modernisation des transports du quotidien ont été reconnus comme les deux faces d’un même projet. L’un ne se ferait pas au détriment de l’autre. C’est tout le sens du projet du Nouveau Grand Paris, qui prévoit aussi l’aménagement de nouveaux quartiers autour des nouvelles gares, pour en faire réellement des lieux d’activité et des lieux de vie.
Comment, avec les collectivités et l’État, vous mobilisez-vous afin de concrétiser ce projet de Grand Paris Express ?
Notre façon de nous mobiliser, c’est d’abord de nous assurer que les financements soient entièrement bouclés. C’est le cas aujourd’hui : j’ai signé avec Manuel Valls, le 16 février 2015, le projet de Contrat de Plan État Région pour la période 2015- 2020. Sur 7,3 milliards d’euros investis, 4,4 milliards seront consacrés au seul Nouveau Grand Paris. Il nous permettra à la fois de financer les nouvelles lignes de tramway, le prolongement des lignes 11 et 14, les tangentielles, la modernisation des RER et le prolongement d’Eole à l’ouest, pour soulager le RER A. Grâce à de nouvelles ressources, nous pouvons maintenir l’effort de la Région sur le long terme.
Les opérateurs de transports ont donc tous les moyens nécessaires pour mener à bien leur travail. Je veille maintenant à ce qu’ils tiennent le rythme, et lorsque c’est nécessaire, j’assume le risque d’interrompre le trafic sur plusieurs semaines, pour que les travaux avancent plus vite. C’est ce qui se fera par exemple cet été sur le RER A.
C’est parce que les financements de l’amélioration de l’offre sont désormais pleinement sécurisés que j’ai pu rouvrir la question de la tarification unique. Les dépenses de transports pèsent parfois lourd dans le budget d’une famille, en particulier pour ceux qui habitent loin et le plus souvent ne l’ont pas choisi. Le pass Navigo, c’est aussi un peu la carte d’identité des Franciliens, le Grand Paris dans la poche. Nous avons donc mené avec les entreprises un travail de conviction et nous sommes arrivés à un accord gagnant-gagnant. Pierre-Antoine Gailly, Président de la CCI Paris-Île-de-France, ne s’y est pas trompé, et je veux le saluer. Les Franciliens gagnent du pouvoir d’achat, les entreprises ont moins à rembourser à leurs salariés, et les TPE, qui sont les premiers employeurs d’Ile-de-France, gagnent de nouvelles marges, puisqu’elles ne sont pas assujetties au versement transport.
Quels sont les grands axes du plan Île-de-France 2030, adopté en 2013 par la Région, qui prévoit la construction de 70 000 logements par an ? Quels est le concours de l’État dans cette démarche ?
Quand un million de Franciliens souffrent du mal-logement, c’est un combat collectif que nous avons à mener. La Région y prend sa part : sans le milliard d’euros que nous avons investi depuis 2010, 80 % des programmes de logement sociaux n’auraient pas vu le jour. Mais il suffit de voir le dernier bilan de la loi SRU pour constater que tout le monde ne joue pas le jeu, et plus encore depuis les municipales.
Je n’ai pas le pouvoir de contraindre les maires à construire des logements sociaux, seul l’État peut le faire. Aujourd’hui, nous travaillons main dans la main depuis que le législateur nous a confié la co-présidence du Comité Régional de l’Habitat de l’Hébergement, qui devrait jouer le rôle d’autorité organisatrice du logement que nous appelons, avec mes partenaires, depuis longtemps en Ile-de-France.
À côté de l’organisation, il faut agir plus rapidement sur le terrain. Peut-on se permettre d’ attendre que la Métropole et les grandes inter-communalités, dont la première vocation est de construire du logement, soient opérationnelles pour avancer ?
Je veux réussir sur le logement ce que nous avons réussi sur les transports. Je me retrouve donc pleinement dans la création d’un Grand Paris de l’aménagement et du logement, qu’a annoncé le Premier Ministre le 13 octobre 2014. J’en ai d’ailleurs présidé le premier comité pilotage avec la Ministre le 24 février 2015.
La vingtaine de sites a été identifiée avec l’aide des services de la Région et de l’IAU et en pleine consultation des acteurs locaux. Les projets les plus complexes bénéficieront du dispositif d’Opération d’intérêt national « multi-sites ». Ils seront reconnus d’intérêt général et feront l’objet d’une simplification et d’une réduction des délais des procédures.
L’ancien Ministre Maurice Leroy a écrit : « Le Grand Paris sera achevé en 2030. C’est dire s’il dépasse les clivages partisans (le 13/10/14) ». Pouvez-vous souligner la nécessité d’avancer ensemble afin que le Grand Paris figure au premier rang des Villes- monde ?
L’Île-de-France fait partie des quelques régions qui font la course en tête à travers le monde : elle pèse à elle seule 5 % du PIB de l’Union européenne. Elle est un moteur de croissance pour le pays, mais aussi un lieu traversé par des fractures. Il faut donc d’une part investir dans nos atouts et d’autre part nous assurer qu’ils soient accessibles à tous. En luttant contre les inégalités, nous luttons pour la compétitivité.
C’est aussi pour cela que je suis favorable à une candidature aux JO et à l’Exposition Universelle : c’est un formidable accélérateur de développement, et c’est en même temps un projet collectif, dont chacun peut se sentir partie prenante. Sur ce point, nous savons marcher tous ensemble. Et le dialogue, le consensus, c’est une méthode dans laquelle je me retrouve.
Comment vous mobilisez-vous plus largement afin que l’Île-de-France demeure un territoire d’accueil, de partages, de diversité, d’expériences multi-culturelles, etc. ?
La fierté d’appartenance à cette région, je crois qu’elle réside précisément dans cette ouverture, dans cet humanisme, dans cette diversité. Elle a besoin qu’on l’entretienne, qu’on la fasse grandir parce qu’elle nous unit. Or, elle est aussi minée par le sentiment de relégation qui s’exprime à la fois dans certains territoires périurbains, et dans certains quartiers populaires.
Je suis convaincu que c’ est en luttant contre les inégalités qu’on parvient le mieux à faire vivre cette diversité et que c’est en offrant des éléments d’unité, comme le pass unique, que nous pouvons tous nous retrouver.