« Je veux que l’Europe devienne le premier continent neutre pour le climat d’ici à 2050 »
ainsi commençait le discours inaugural d’Ursula von der Leyen devant le Parlement européen en juillet 2019.
L’ambition est donc donnée au niveau de l’Union européenne, qui a acquis au fil des décennies un pouvoir structurant en matière environnementale. Cette ambition est également soutenue par une large majorité de l’opinion publique européenne. Le secteur énergétique sera donc au cœur des transformations qui seront nécessaires à cette transition vers une économie neutre en carbone.
Dans cette démarche, l’Union européenne a déjà fixé un cap en renouvelant ses objectifs énergie – climat à l’horizon 2030 dans le récent « Paquet Energie Propre ». Il revient maintenant aux Etats membres de le mettre en œuvre en adoptant leurs stratégies et plans nationaux, comme la France le fait avec la Programmation Pluriannuelle de l’Energie ou la Stratégie Nationale Bas Carbone.
Le régulateur national de l’énergie joue un rôle central dans cette aventure humaine et industrielle sans précédent. Au cœur du système énergétique, il se doit d’accompagner la transition du secteur. Son indépendance lui permet d’analyser les enjeux du secteur au regard des difficultés industrielles et des transformations économiques. Son ambition est d’apporter une contribution impartiale au débat démocratique sur ces sujets dans le souci de l’intérêt général et en prenant en compte l’efficacité économique qui est une condition indispensable à l’atteinte de ces objectifs.
Depuis mon arrivée à la tête de la CRE, j’ai souhaité que nous exercions nos missions en étant guidés par l’absolue nécessité de la transition énergétique et de la protection de la planète. Mais cet objectif doit s’accompagner de trois impératifs pour garantir l’acceptabilité sociale de cette transformation : maîtrise des finances publiques, solidarité nationale et défense des consommateurs.
Ce triptyque est au cœur des enjeux de transition énergétique. Selon la Commission européenne, pour atteindre la neutralité carbone, l’Europe doit faire un effort d’investissement dans son système énergétique de l’ordre de 175 à 290 milliards d’euros par an. Le régulateur doit s’assurer que ces sommes colossales sont investies de manière efficace.
A ce titre, il convient de se poser les bonnes questions et de ne pas céder à l’air du temps ni aux lobbies, qu’ils soient industriels, écologiques ou nucléaires. Il convient également de prendre en compte le contexte particulier de la France afin d’éviter les solutions uniques que voudraient imposer certains.
Pour cela il faut, de tous côtés, éviter les inexactitudes et les erreurs factuelles. Grâce à notre système électrique déjà très peu carboné en raison d’un mix énergétique composé principalement de nucléaire et d’énergies renouvelables, la France bénéficie de faibles émissions de CO² et d’un prix de l’électricité maîtrisé.
Cependant, cela ne veut pas dire que la France doit continuer à se reposer uniquement sur le nucléaire, ou qu’il ne faut pas investir dans les énergies renouvelables (ENR). Les ENR sont désormais compétitives et les batteries qui permettent de pallier leur intermittence coûtent de moins en moins cher. En parallèle, le nouveau nucléaire reste encore très onéreux, si on se fie aux projets de Flamanville et d’Hinkley Point. Le problème des déchets nucléaires n’a toujours pas été réglé. Il est donc rationnel de développer aujourd’hui les ENR et de viser une part plus réduite du nucléaire à l’horizon 2035.
Mais surtout, la transition énergétique ne sera possible qu’avec l’innovation. Cette innovation doit être collective. C’est pourquoi à mon arrivée à la CRE, j’ai mis en place, un Comité de prospective, véritable lieu d’échange où tous les acteurs impliqués dans le secteur de l’énergie peuvent réfléchir ensemble sur les futures tendances du secteur. Ce Comité a déjà travaillé sur le verdissement du gaz et de ses usages, les nouvelles dynamiques locales du système énergétique, la mobilité propre, le stockage de l’énergie et les données du consommateur. L’innovation doit en particulier se faire dans les réseaux : dans les réseaux de gaz, avec l’intégration de la production de gaz vert qui représente autant une source d’énergie, qu’une source de revenu agricole et un moyen d’éliminer des déchets; dans les réseaux électriques, qui doivent relever le défi de la décentralisation et de la transformation du parc de production. A l’initiative de la CRE, la loi Energie-Climat prévoit un dispositif de « bac à sable réglementaire » qui permet de déroger à la réglementation pour expérimenter des innovations dans les conditions d’accès aux réseaux, comme par exemple l’intégration des véhicules électriques, dont le nombre pourrait atteindre 15 millions en 2035.
Enfin, le recours à des solutions de flexibilité permettra aussi de limiter les investissements dans les réseaux électriques et de faciliter ainsi l’acceptation sociale des exigences environnementales. Cette flexibilité peut recouvrir plusieurs formes : l’interruptibilité pour les industriels, l’effacement pour les industriels et les particuliers, l’autoconsommation – à condition qu’elle ne génère pas un nouveau communautarisme énergétique – l’écrêtement des énergies renouvelables, le stockage, les interconnexions européennes mais aussi, les économies d’énergie et le pilotage de la demande.
Ainsi, la CRE s’engage pleinement dans la transition énergétique, au niveau national comme au niveau européen. Afin que chacun prenne conscience de l’urgence, mais aussi des opportunités de cette révolution. Sénèque écrivait « c’est d’âme qu’il faut changer, non de climat.” La CRE travaille à convaincre ceux qui doutent que cette transition peut être juste et efficace.
Monsieur Jean-François CARENCO a été nommé Président de la Commission de régulation de l’énergie par décret du Président de la République du 16 février 2017.
Diplômé d’HEC, Jean-François CARENCO intègre l’Ecole normale d’administration (promotion Michel de l’Hospital ). Une grande partie de sa carrière se déroule dans le corps préfectoral. En 2015, il est nommé Préfet de la région Ile-de-France, Préfet de Paris et préside l’association du corps préfectoral et des hauts fonctionnaires du ministère de l’intérieur.
Ancien directeur de cabinet de Monsieur Jean-Louis BORLOO ministre d’Etat de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de la MER, Jean-François CARENCO a été l’un des principaux artisans de la loi portant nouvelle organisation du marché de l’électricité. Il a par ailleurs largement contribué au « Grenelle de l’environnement » qui a fixé les objectifs du développement de la production d’électricité à partir de sources d’énergies renouvelables.
À sa sortie de l’ENA en 1979 (promotion « Michel de l’Hospital »), il est nommé Conseiller au Tribunal administratif affecté à Marseille. Il est ensuite détaché comme directeur général du district de Montpellier entre 1985 et 1988, avant d’être secrétaire général adjoint pour les affaires économiques (1988-1990), puis secrétaire général de la Nouvelle-Calédonie (1990-1991).
Sous-préfet en 1991, il est secrétaire général de la préfecture des Yvelines (1991-1996). Nommé préfet de Saint-Pierre-et-Miquelon en 1996, il occupe successivement la fonction de Préfet du Tarn-et-Garonne (1997-1999), puis Préfet de la région Guadeloupe (1999-2002), et Préfet de la Haute-Savoie (2002-2004). Il dirige ensuite le cabinet de M. Jean-Louis BORLOO au ministère de l’Emploi, du Travail, de la Cohésion sociale et du Logement (juin 2005 à juillet 2006), avant d’être nommé Préfet de la région Haute-Normandie, Préfet de Seine-Maritime, de juillet 2006 à mai 2007 puis Préfet de la région Midi-Pyrénées, Préfet de la Haute-Garonne (2007-2008).
A partir de 2008, Jean-François CARENCO dirige le cabinet de M. Jean-Louis BORLOO, ministre d’Etat de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de l’Aménagement du Territoire jusqu’en 2009. Toujours directeur de cabinet du ministre d’Etat de l’Ecologie, de l’Energie, du développement durable et de la Mer jusqu’en 2010, Jean-François CARENCO est notamment chargé des Négociations sur le climat.
Le premier décembre 2010, il est nommé Préfet de la région Rhône-Alpes, préfet du Rhône. Il est parallèlement chargé, en octobre 2013, de la mission « Pack deuxième chance » pour lutter contre la délinquance par le ministre délégué à la Ville. Puis en mars 2015, il est nommé Préfet de la région Ile-de-France, Préfet de Paris.