« La Région est en train de mettre en place une administration dédiée, à même d’assurer une véritable gouvernance économique à l’échelle du territoire ».
Sur le plan administratif et financier, la Région a un fonctionnement bien précis, y compris en interne avec une séparation nette avec les affaires politiques. C’est ce que M. Mohamed ACHIQ, Directeur général des services du conseil régional Rabat-Salé-Kénitra, nous explicite ici.
A la tête des services du conseil régional de Rabat-Salé-Kénitra, pouvez-vous nous expliquer vos missions ?
La loi organique de 2015 a défini les attributions des directions générales des services généraux des régions. Elles ont ainsi pour mission d’assister le président dans l’accomplissement de ses prérogatives. Les missions administratives sont ainsi bien différenciées des enjeux politiques au sein du Conseil, dont le président élu au suffrage universel assure désormais les fonctions d’ordonnateur. La mission globale du directeur est donc de construire une administration efficace, avec un organigramme et donc une architecture des services très structurée et des divisions dédiées : financière, environnementale, affaires rurales, développement économique et sociale, ressources humaines. Cela représente six divisions, qui sont en cours de construction. Car, les régions ont un rôle complexe à jouer en terme de développement intégré et durable, notamment avec la mise en œuvre du programme de développement régional, le PDR. C’est pour cela que la Région s’atèle actuellement à mettre en place une administration dédiée qui pourra, à terme, assurer une gouvernance économique à l’échelle du territoire.
Comment la direction générale des services travaille-t-elle avec les élus?
Malgré nos priorités et nos urgences, nous avons un dialogue important avec les élus et nous sommes surtout à leur écoute en permanence. Parfois complexes, parfois plus simples. Le DGS ne peut discuter les décisions politiques, mais seulement les exécuter. Toutefois, les élus ont besoin des services du conseil et inversement pour faire avancer les actions de la région. Concernant la communication politique, cela relève donc exclusivement des services de la présidence. Il y a donc une césure claire avec les services techniques de la région.
En termes de ressources humaines, comment voyez-vous la montée en charge des agents au sein du conseil ?
La volonté politique est là mais quand il n’y a pas les moyens humains derrière pour mettre en œuvre les actions, cela n’est pas suffisant. Comme dans toute organisation, les ressources humaines sont un élément fondamental. Avec la fusion des régions que nous venons de connaître, notre « nouvelle » région emploie actuellement environ 74 personnes. Mais, il nous faut surtout du personnel avec des profils bien précis. D’ailleurs, nous sommes en pleine opération de recrutement d’une dizaine de cadres supérieurs au titre de l’année 2017; trois ingénieurs en systèmes d’information, statistiques et en Energie/ Environnement, trois cadres financiers et comptables pour une meilleure gestion financière du budget de la Région (1 milliard de DH par an) et deux techniciens en Informatique. Nous sommes également entrain de recruter deux économistes spécialisés en conduite de projet et en développement territorial. Car nous avons un important travail à réaliser dans ce domaine.
Même si nous sommes la deuxième région du Maroc la plus riche, les indicateurs de développement humain sont encore très bas avec des difficultés dans certains territoires que nous devons traiter.
Les besoins en formation, tant du personnel administratif que des élus, sont-ils très importants ?
La formation continue des élus et des fonctionnaires territoriaux de la Région fait partie des attributions propres de la Région. Selon, le décret d’application de la loi organique relative aux Régions, nous devons former quelque 3000 élus d’ici la fin du mandat du Conseil c’est-à-dire 2021 (au moins 8 jours/homme de formation par élu). Pour ce faire en complément des formations du ministère de l’intérieur, nous avons mis en place la maison de l’élu où nous assurerons ces formations. Nous avons fait le choix de travailler avec les Universités de notre Région et non un bureau d’études pour élaborer notre schéma régional de la formation continue. Les premiers résultats sont probants et nous sommes d’ailleurs aujourd’hui suivis par d’autres Régions.
Concernant les agents territoriaux au nombre de 21.000 dans notre région, nous comptons nous appuyer sur les formations existantes et former des formateurs au nombre de 3000 également, sur des profiles cadre. La coopération décentralisée est un excellent vecteur également et nous devons développer les partenariats existants et en mettre d’autres en place. Toutefois, la question du recrutement dans la fonction territoriale au Maroc est encore difficile, il nous faut mieux valoriser le statut du fonctionnaire territorial pas seulement en terme de rémunération mais aussi en terme de traitement et respectabilité car ses missions sont au plus près du citoyen.
Quel a été votre travail sur l’élaboration du PDR ?
L’élaboration du PDR de la région Rabat-Salé-Kénitra(RSK) a été un vrai défi tant en interne qu’avec les bureaux d’études. Mais nous pouvons être fiers, avec nos équipes, du travail accompli jusqu’ici et qu’il faut poursuivre pour mettre en œuvre cet ambitieux programme. Le cadre de référence qui a été défini et voté par la suite en juillet montre déjà des résultats prometteurs même au bout de ces deux, trois premiers mois d’application. La structure du PDR est bien conçue. Si on souhaite ajouter une action, le document est suffisamment souple pour pouvoir l’adapter. Et, compte-tenu des enjeux de la région et du schéma régional d’aménagement du territoire, il y a fort à parier que nous aurons à l’adapter, à le mettre à jour régulièrement, et ce en lien avec les élus.
La région Rabat-Salé-Kenitra est en plein développement, est-ce un chalenge important pour les services de la région?
La région « RSK » est une région « Capitale » et cela suffit à dire que nous devons être exemplaires. Nous avons donc une forte pression de la part des élus et des citoyens pour accomplir nos missions. Toutefois, et comme l’avait annoncé la commission consultative qui a travaillé sur le lancement du processus de régionalisation avancé au Maroc, il faudra probablement deux mandats de conseil régional probablement, donc 12 ans, pour être pleinement opérationnels et efficaces. Nous vivons une période un peu bousculée car tous les « chantiers » sont lancés en même temps. Mais, nous nous en donnons les moyens. Les défis sont importants mais la motivation de nos services est là, au service de la région et je conclurai en vous disant que nous allons y arriver sans aucun doute !