
Le CESER n’a pas d’équivalent dans les autres collectivités françaises. Pouvez-vous nous parler de sa singularité et de la valeur ajoutée de cette instance ?
Jean Hamon. Le CESER, ce sont des femmes et des hommes, aux parcours et aux points de vue différents, qui travaillent ensemble pour défricher les enjeux de demain et proposer des pistes d’action aux décideurs politiques. Ces dernières années, j’ai pris l’habitude de dire que le CESER est un éclaireur des transitions. Transition énergétique et écologique, transformation numérique, nouvelles dynamiques territoriales font partie de nos travaux les plus récents. A nous de jouer collectivement pour faire de ces transitions une chance pour la Bretagne !
Vous avez récemment travaillé avec trois autres CESER de l’Atlantique (Normandie, Nouvelle-Aquitaine et Pays-de-la-Loire) pour produire une étude sur l’innovation dans l’économie maritime et la croissance bleue. Avez-vous le sentiment que le potentiel de ce secteur est sous-estimé et quelles recommandations préconisez-vous ?
JH. Oui il est largement sous-estimé, et pour une raison toute simple : la croissance bleue ne s’arrête pas au littoral ! Au-delà de ce qui se passe en mer ou dans les ports, il existe une « face cachée » de l’économie maritime dans de nombreuses filières telles que l’alimentaire, le numérique et les technologies de pointe, les matériaux, la santé et le bien-être… toutes ces hybridations entre filières font de la mer et des ressources marines et côtières un formidable moteur du développement économique et social régional. C’est le principal message de nos travaux : il faut mieux connaître la richesse et la diversité des écosystèmes marins et côtiers, leur fonctionnement et les enjeux de leur préservation, pour mieux faire connaître l’économie maritime générée par l’exploitation des ressources et tout son potentiel de développement !
Vous avez également travaillé sur les conséquences et les opportunités du Brexit. Pourquoi la Bretagne est-elle particulièrement concernée par cet évènement ?
JH. Le Royaume-Uni est notre plus proche voisin. Et en bons voisins, nous avons de multiples échanges culturels, commerciaux, touristiques, universitaires. De nombreux résidents britanniques vivent dans la région, en particulier dans les communes du centre Bretagne. Un évènement comme le Brexit est une véritable onde de choc pour tous les partenaires de ces échanges, avec des conséquences sur les quatre libertés fondamentales de circulation des personnes, des biens, des services et des capitaux. Nous avons identifié les secteurs d’activités les plus susceptibles d’être touchés, afin d’alerter, d’anticiper et d’être en capacité d’agir collectivement et d’une seule voix dans ce contexte d’incertitude. Là où des barrières se dressent, des opportunités émergent. Alors, oui, imaginons avec nos voisins de nouveaux cadres de coopération.
Vous organisez régulièrement des « Forums Prospective ». Quels sont selon vous les trois sujets majeurs pour l’avenir de la région Bretagne ?
JH. Trois forces sont inscrites dans l’histoire de la Bretagne et la tirent vers le haut : l’ouverture au monde, notamment par la mer, la qualité de vie dans ses territoires, et l’habitude des coopérations, fortement ancrée dans les modes d’organisation. Comme partout, des transitions profondes sont à l’œuvre. Mais ces trois forces donnent à la Bretagne la capacité de réussir ces transitions en ne laissant personne au bord du chemin.