Confiant dans les capacités des collectivités à accélérer le processus de recyclage, le Conseil national des déchets mise sur le partage des expériences et la concertation entre les acteurs.
ENTRETIEN AVEC GÉRARD MIQUEL
Sénateur du Lot, Président du Conseil national des déchets
A la lumière de votre expérience, pouvez-vous nous dire comment vous analysez l’évolution de la prévention et de la gestion des déchets en France ?
Cette évolution a été beaucoup plus rapide dans certaines collectivités que dans d’autres, en fonction de la volonté politique affichée. Dans le passé, le traitement des déchets n’intéressait pas beaucoup les élus en France, mais certains se sont cependant mobilisés et ont obtenu de très bons résultats. On peut d’ailleurs observer que ce fut le cas dans des villes à forte densité mais aussi dans des zones rurales ! Il faut donc en tirer la leçon.
En tout état de cause, je suis intimement convaincu depuis longtemps que dans peu de temps, tous les déchets seront recyclés. Nous en extrairons des matières premières secondaires alors même que l’un des grands défis planétaires est d’économiser les matières premières.
Convaincre les citoyens est donc indispensable ?
Nos concitoyens, pour peu qu’on leur donne les bons moyens de se débarrasser de leurs déchets dans des conditions simples, participent volontiers à cet effort collectif. La simplification et l’harmonisation sont la base de la bonne application des consignes de tri. Aujourd’hui, dans certaines collectivités, on collecte tous les plastiques, ce qui est une excellente chose. C’est le cas dans le Lot depuis 20 ans… alors que dans d’autres endroits, on n’est pas en capacité de trier tous ces déchets. C’est pourquoi nous imaginons des centres de tri expérimentaux, dans
lesquels ce sera possible et surtout où on recyclera tout ce qui peut l’être. Cette évolution est inéluctable. Assurons-nous que nous pouvons faire des transferts de méthodes des collectivités performantes vers d’autres, afin de réussir ce pari. Nous avons les outils pour cela et la loi de transition énergétique va nous permettre d’aller plus loin en ce sens.
Comment le Conseil national des déchets que vous présidez contribue-t-il à faire évoluer la réflexion et les pratiques dans ce domaine ?
Les membres du Conseil national des déchets réfléchissent et travaillent avec des opérateurs, des associations de défense de l’environnement, des élus, etc. Nous confrontons nos points de vue, échangeons sur nos expériences, et faisons des propositions. Ce conseil a apporté une contribution importante à la préparation des nouveaux agréments et des contrats qui vont en découler, afin de faire en sorte que la responsabilité ne pèse pas intégralement sur les collectivités, et que le principe pollueur-payeur soit respecté. Ainsi progressivement, les performances des collectivités augmenteront, avec à la clé des gains de productivité ; de plus les opérateurs participeront au financement dans de bonnes conditions.
Et pour conclure ?
Sur ce sujet, nous avons mené un travail en partenariat avec les éco-organismes et l’Association des Maires de France, et je tiens beaucoup à faire vivre cette concertation, en préservant les outils mis en place qui nous sont enviés dans le monde. Nous avons de bons résultats, il nous faut les conforter et nous possédons les outils pour cela !