Un objectif vieux de dix ans consistant à récolter 100 milliards de dollars américains pour aider les pays en développement à lutter contre les changements climatiques et à s’adapter à leurs répercussions ne sera probablement pas atteint avant deux ans. C’est la conclusion d’un nouveau rapport du ministre canadien de l’Environnement, Jonathan Wilkinson, et du secrétaire d’État allemand à l’Environnement, Jochen Flasbarth, présenté durant les pourparlers sur le climat de la COP26 des Nations unies, en Écosse.
Wilkinson et Flasbarth ont été invités par le président désigné de la COP26, Alok Sharma, en juillet 2021, à proposer un plan pour enfin respecter un engagement pris en 2009 de mobiliser 100 milliards de dollars annuellement d’ici 2020. Si les chiffres pour 2020 ne sont pas encore disponibles, « l’objectif a été presque certainement manqué », a concédé lundi M. Sharma, lors d’une déclaration par visioconférence pour présenter le rapport, qui détaille les moyens d’y arriver.
L’argent manquant est susceptible d’être une source de frictions lorsque les pays se rencontreront en Écosse, car les États en développement et les petits États insulaires les moins responsables du réchauffement climatique sont invités, de même que les pays les plus riches, à redoubler d’efforts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre avant 2030.
La promesse de financement climatique, faite pour la première fois en 2009, a été reprise lors des pourparlers de Paris sur le climat en 2015 et a été l’une des raisons pour lesquelles les pays les moins développés et les plus touchés du monde ont accepté de signer l’accord.
Dix ans plus tard, l’aide n’atteignait que 79,6 milliards en 2019, selon les derniers chiffres publiés en septembre par l’OCDE. MM. Wilkinson et Flasbarth s’attendent à ce que l’objectif soit enfin atteint en 2023, avant que les promesses de financement pour le climat dépassent les 100 milliards de dollars américains en 2024 et 2025.
Si cet objectif reste très symbolique, de nombreux acteurs et experts le jugent désormais largement insuffisant, étant donné que les effets du réchauffement s’accélèrent, avec la recrudescence catastrophique de sécheresses, d’incendies géants, d’ouragans, d’inondations, entre autres. « Cent milliards ne répondent pas aux besoins », a estimé lundi Christiana Figueres, responsable climat de l’ONU pendant la COP21, saluant néanmoins un signe de « bonne volonté de la part des pays du Nord ». L’Institut international pour l’environnement et le développement s’est félicité, de son côté, que le plan publié « transforme enfin des mots en actes » : « Cela contribue à mettre la COP26 sur les rails. »