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Thierry BRETON

Commissaire au marché intérieur, Commission européenne

©Europaparl Media Center

La stratégie européenne pour une industrie durable

L’Europe, en tant que continent industriel le plus important du monde, a de grandes responsabilités en tant que leader. Nous nous sommes fixé une ambition claire : devenir la première économie neutre sur le plan climatique d’ici 2050. Le Président Von Der Leyen a fait de cette question un pilier central des priorités politiques de la Commission, car la réussite de la transition vers une économie climatiquement neutre passe par une politique industrielle ambitieuse. Nous avons la vision d’une industrie européenne compétitive et durable, contribuant à l’autonomie stratégique de l’UE ; une industrie solidement ancrée dans le modèle social européen, et qui exploite au mieux ses atouts tout en saisissant de nouvelles opportunités et en abordant les « doubles transitions » que sont le « Green Deal » et la numérisation. L’industrie jouera un rôle central dans la réalisation de cette double transition.

En tant que commissaire chargé de l’industrie, mes principales tâches dans le cadre de ce mandat est de soutenir la transformation écologique de notre industrie et de veiller au maintien de sa prospérité et à ses avantages pour l’Europe et ses citoyens. Afin de concrétiser cette ambition, nous nous sommes pleinement mobilisés, mes équipes et moi-même, pendant les 100 jours de la Commission Von Der Leyen, pour présenter une nouvelle stratégie industrielle européenne tenant compte de cette double transition, ainsi que des défis géostratégiques mis en évidence par l’apparition du Coronavirus.
Cette stratégie met l’importance de la transition durable au cœur du débat, notamment parce qu’elle permet de préserver l’autonomie stratégique de l’Europe dans le cadre d’une action mondiale. Il s’agit bien sûr d’un incroyable défi. Transformer notre base industrielle sur une telle échelle nécessite un laps de temps d’une génération (25 ans) et un effort constant de la part de tous les acteurs industriels ainsi que des différents pouvoirs publics. Ensemble, nous veillerons à ce que cette base soit intégrée, durable et compétitive au niveau mondial.
Nous avons très peu de temps pour préparer cette transition et la mettre sur la bonne voie, mais nous la réaliserons ensemble en commençant dès maintenant car ce défi est aussi une incroyable opportunité. Nous nous en servirons pour faire en sorte que nos industries deviennent les leaders mondiaux des technologies vertes et qu’elles récoltent les fruits de leurs efforts en tant que pionniers.
La numérisation est un élément clé de l’économie circulaire et de la transition vers la neutralité climatique. La bonne nouvelle aujourd’hui est que nous sommes en avance par rapport à nos concurrents mondiaux en ce qui concerne les brevets, les technologies propres et le cadre réglementaire.
Toutefois, alors que l’Europe est en tête en matière d’efficacité accrue des ressources et des matériaux, la Chine et l’Inde produisent quant à eux des produits à forte intensité carbonique destinés aux consommateurs américains et européens. Les aspects mondiaux et ceux liés au marché intérieur nous imposent de mieux nous adapter à la mondialisation et aux investissements dans les technologies à faible intensité carbone. Nos efforts européens doivent aller au-delà de ce que l’on appelle la « fuite de carbone » qui pourrait conduire à la délocalisation d’entreprises vers des endroits où la protection environnementale est moindre.

Les voies que nous choisissons pour la dé carbonisation de nos modes de production et de consommation seront compatibles avec les engagements de l’OMC auprès des partenaires internationaux. À titre d’exemple des mesures prises par la Commission, un des points les plus sensibles et stratégiques est que les chaînes de valeur européenne dépendent largement des fournisseurs étrangers de matières premières essentielles.
Il y aussi la question des industries manufacturières qui sont confrontées à une forte concurrence des économies à croissance rapide sur les marchés mondiaux des matières premières. Cela signifie que nous devons garantir une autonomie stratégique et un accès à des matières premières durables (telles que les terres rares ou le cobalt) qui sont cruciales pour l’avenir des chaînes de valeur industrielle de l’UE, en particulier la mobilité électronique, les batteries, les énergies renouvelables, l’aérospatiale, la défense et d’autres applications numériques. Une meilleure diversification des sources d’approvisionnement en matières premières et de bonnes pratiques d’économie circulaire permettant d’augmenter les taux de recyclage pourraient contribuer à réduire nos dépendances.
Ce défi est pris en compte dans la stratégie industrielle de l’UE, dont les mesures horizontales visant à créer des conditions générales favorables sont complétées par des actions stratégiques plus ciblées le long des chaînes de valeur.
Afin de rester compétitive dans les technologies clés et les chaînes de valeur stratégiques, l’UE encouragera une plus grande prise de risque et augmentera les investissements dans la recherche et l’innovation. En annonçant une nouvelle alliance dans le domaine de l’hydrogène propre ainsi que notre nouvelle stratégie industrielle, nous avons ouvert la voie, permettant aux États membres et aux entreprises de toutes tailles de participer à ce partenariat. Nous disposons d’une base industrielle solide, de talents et, surtout, d’une volonté politique suffisante pour y parvenir.
L’Europe a le potentiel de jouer un rôle de leader unique au niveau mondial en tant que marché neutre sur le plan climatique. La technologie à faible émission de carbone qui se traduit par des produits et des services circulaires est le moyen d’y parvenir.

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