La Commission européenne et le Fonds européen d’investissement (FEI) lancent un programme de fonds de fonds paneuropéens de capital-risque (VentureEU) pour stimuler l’investissement dans les start-up (jeunes entreprises) et les scale-up (entreprises en expansion) innovantes dans toute l’Europe.
L’Europe regorge de talents, de chercheurs de très haut niveau et d’entrepreneurs compétents, mais il lui faut parvenir à mieux transformer ce potentiel en réussites. L’accès au capital-risque joue un rôle essentiel dans l’innovation. La Commission et le FEI annoncent aujourd’hui le nom des six fonds participants qui recevront le soutien de l’Union européenne pour s’engager à investir dans le marché européen du capital-risque. Grâce à un financement de l’UE de l’ordre de 410 millions d’euros, ces fonds devraient lever 2,1 milliards d’euros d’investissements publics et privés, ce qui devrait, selon les estimations, se traduire par 6,5 milliards d’euros de nouveaux investissements dans des start-up et des scale-up innovantes dans toute l’Europe et multiplier ainsi par deux le montant de capital-risque actuellement disponible en Europe.
Le vice-président de la Commission européenne chargé de l’emploi, de la croissance, de l’investissement et de la compétitivité, M. Jyrki Katainen, a déclaré à ce propos: «Dans le capital-risque, la taille compte! Grâce à VentureEU, de nombreux entrepreneurs innovants en Europe pourront bientôt obtenir les investissements dont ils ont besoin pour innover et réussir à l’échelle mondiale, ce qui sera synonyme de plus d’emplois et de plus de croissance en Europe.»
M. Carlos Moedas, commissaire pour la recherche, la science et l’innovation, a ajouté: «VentureEU est un élément clé de la stratégie “Open Innovation » (innovation ouverte) que nous avons lancée il y a trois ans. Il est vital pour l’Europe de rester un leader industriel et une grande puissance économique.»
Mme Elżbieta Bieńkowska, commissaire pour le marché intérieur, l’industrie, l’entrepreneuriat et les PME, a déclaré: «VentureEU permettra une augmentation du nombre et de la taille moyenne des fonds de capital-risque. Cela encouragera nos start-up à fort potentiel à rester en Europe et à s’y développer, en tirant pleinement parti du marché unique.»
M. Pier Luigi Gilibert, directeur général du FEI, a ajouté: «VentureEU est un ajout important au paysage européen du capital-investissement. Nous avons déjà soutenu plus de 500 fonds à ce jour, mais jamais encore l’UE n’avait créé un programme aussi exceptionnel. Le FEI est fier de participer à cette initiative.»
Le capital-risque est essentiel au bon fonctionnement de l’union des marchés des capitaux, mais il reste trop peu développé en Europe. En 2016, les capital-risqueurs ont investi environ 6,5 milliards d’euros dans l’UE, contre 39,4 milliards d’euros aux États-Unis.
En outre, la taille des fonds de capital-risque en Europe est trop petite: 56 millions d’euros en moyenne, contre 156 millions d’euros aux États-Unis. La conséquence est que les start-up à fort potentiel partent vers des écosystèmes où elles ont plus de chances de se développer rapidement. Le nombre d’entreprises qui avaient atteint, fin 2017, le statut de «licorne», c’est-à-dire une valorisation de plus d’un milliard de dollars, s’élevait à 26 dans l’UE, contre 109 aux États-Unis et 59 en Chine.
VentureEU offrira aux innovateurs européens de nouvelles sources de financement, qui leur donneront la possibilité de se développer pour devenir des entreprises d’envergure mondiale. Quelque 1 500 start-up et scale-up de toute l’UE devraient y avoir accès.
VentureEU sera financé à la base par l’UE, qui apportera jusqu’à 410 millions d’euros d’investissements – dont 67 millions d’euros provenant des ressources propres du FEI: 200 millions d’euros au titre du programme Horizon 2020 InnovFin Equity, 105 millions d’euros au titre du programme COSME (programme européen en faveur des petites et moyennes entreprises), et 105 millions d’euros au titre du Fonds européen pour les investissements stratégiques (dans le cadre du «plan Juncker»). Le reste des financements sera levé principalement auprès d’investisseurs indépendants par les gestionnaires de fonds sélectionnés.
Les six fonds prendront des parts dans un certain nombre de fonds de capital-risque plus petits et couvriront des projets dans au moins quatre pays européens chacun. Les fonds dans lesquels ils investiront contribueront à financer des petites et moyennes entreprises (PME) et des entreprises de taille intermédiaire dans divers secteurs, tels que les technologies de l’information et de la communication (TIC), le numérique, les sciences de la vie, les technologies médicales, l’efficacité de l’utilisation des ressources et l’efficacité énergétique.
Les investissements de l’UE dans VentureEU seront gérés par le FEI sous la supervision de la Commission et seront déployés par l’intermédiaire de six gestionnaires de fonds professionnels et expérimentés, ce qui garantira une réelle approche de marché. Cela permettra d’attirer d’autres investissements et d’accroître significativement l’accès des start-up et des scale-up de l’UE à ce mode de financement.
Contexte
La Commission a annoncé la création d’un programme de fonds de fonds paneuropéens de capital-risque (VentureEU) dans le cadre de l’union des marchés des capitaux (UMC) et de l’initiative en faveur des start-up et des scale-up. Cette initiative a été initialement proposée en 2015 par le commissaire Moedas dans le cadre de la stratégie Open Science, Open Innovation and Open to the World («Innovation ouverte, science ouverte, ouverture au monde») en 2015.
En novembre 2016, la Commission et le FEI ont lancé un appel à manifestation d’intérêt, qui a suscité 17 candidatures avant la date limite du 31 janvier 2017. Dans un premier temps, la Commission a examiné toutes les propositions d’investissement et procédé à une présélection de celles-ci en fonction de leur adéquation au programme. Puis le FEI a soumis à sa procédure standard d’audit préalable les candidats pré-sélectionnés, dont six ont été retenus en vue d’un financement et invités à entamer des négociations avec le FEI à la fin de l’année 2017. Les deux premiers accords, entre IsomerCapital et le FEI et entre Axon Partners Group et le FEI, ont été signés aujourd’hui à Bruxelles. Les quatre autres (Aberdeen Standard Investments, LGT, Lombard Odier Asset Management et Schroder Adveq) devraient être finalisés dans le courant de l’année 2018.
VentureEU fait partie de l’écosystème plus vaste que l’UE met actuellement en place pour donner aux nombreux entrepreneurs innovants en Europe toutes les chances de devenir des entreprises d’envergure mondiale. En particulier, dans le cadre du plan d’action pour la mise en place d’une union des marchés des capitaux, la Commission a présenté un ensemble de mesures visant à améliorer l’accès aux financements des petites entreprises en expansion en vue de créer des emplois et de stimuler la croissance. Le plan d’investissement pour l’Europe vise également à améliorer l’environnement des entreprises dans l’UE grâce à une utilisation plus judicieuse des ressources financières et à la suppression des obstacles à l’investissement.
Le 1er mars 2018, de nouvelles règles encadrant les fonds de capital-risque (EuVECA) et les fonds d’entrepreneuriat social européens (EuSEF) sont entrées en application, afin que les fonds de ce type puissent être plus facilement gérés par les gestionnaires, quelle que soit la taille de ces derniers, et qu’un éventail plus large d’entreprises bénéficient de leurs investissements. Ces nouvelles règles rendent également la commercialisation transfrontière de fonds EuVECA et EuSEF moins coûteuse et simplifient les procédures d’enregistrement.
Comme annoncé dans la stratégie revisitée pour la politique industrielle de l’UE, la Commission est en train d’étudier la mise en place, à titre complémentaire, d’une action européenne de levier pour le capital-risque en faveur des entreprises en expansion (European Scale-Up Action for Risk Capital ou ESCALAR) pour permettre aux fonds de capital-risque d’augmenter leur capacité d’investissement.
En novembre 2016, la Commission a présenté une proposition de directive sur l’insolvabilité des entreprises, qui vise essentiellement à faciliter la restructuration précoce des entreprises et à promouvoir les possibilités de seconde chance pour les entrepreneurs.
La Commission s’efforce également de faire avancer son projet de mise en place d’un espace TVA robuste unique dans l’Union. Dans ce cadre, elle a notamment proposé récemment des mesures ciblées visant à aider les PME qui exercent des activités transfrontières dans l’UE. Un accord a également été conclu au niveau de l’UE sur de nouvelles règles, qui devraient entraîner une simplification des obligations en matière de TVA pour des milliers de PME qui vendent des biens en ligne dans d’autres États membres de l’Union.
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