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Focus Rabat-Salé-Kénitra

« Projet de régionalisation avancée marocain »

Si on prend un compas et que l’on dessine un demi-cercle, la région de Rabat-Salé-Kénitra est pratiquement en plein milieu des zones les plus dynamiques du territoire marocain. En 2011, le Roi Mohammed VI a annoncé une modification de la Constitution marocaine pour y introduire le « projet de régionalisation avancée marocain ».

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M. Abdessamad Sekkal

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Président du Conseil de la région Rabat-Salé-Kénitra

« Si on prend un compas et que l’on dessine un demi-cercle, la région de Rabat-Salé-Kénitra est pratiquement en plein milieu des zones les plus dynamiques du territoire marocain ».

 

Président du Conseil de la région Rabat-Salé-Kénitra ainsi que de l’Organisation des Régions Unies / Forum Global d’Associations de Régions (ORU/FOGAR), Abdessamad Sekkal nous présente et précise le modèle marocain de régionalisation mais aussi ses atouts en terme économique, environnemental comme de développement international.

 

Souvent cité en exemple pour son modèle de régionalisation, comment s’organise au Maroc aujourd’hui la répartition des compétences entre l’État et les collectivités locales ?

Le Maroc a une tradition de décentralisation très ancienne. Dans le système politique marocain tel qu’il était construit, les représentants locaux du pouvoir avaient de larges prérogatives. Certes, nous avons vécu une période coloniale avec notamment une recentralisation assez forte mais qui s’est toutefois accompagnée de la construction d’une administration moderne. Dès les années 70, il y a eu une action très forte de l’État vers une décentralisation et surtout un mouvement de régionalisation. Et ont ainsi été crées 16 régions d’abord administratives puis plus politiques par la suite avec des conseillers élus mais de manière indirecte. Enfin, en 2011, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a annoncé une modification de la Constitution marocaine pour y introduire le « projet de régionalisation avancée marocain. » Nous avons dû toutefois attendre 2015 et la promulgation de la loi organique pour que le nouveau système soit mis en place et que se tiennent pour la première fois des élections régionales au suffrage universel direct, avec un renouvellement important de conseillers mieux formés et plus politiques aussi ! En cette année 2017 et début 2018, des évolutions devraient avoir lieu, d’autant que nous sommes passées de 16 à 12 régions. Une réforme ambitieuse mais complexe est en cours de mise en œuvre, avec l’élaboration d’une nouvelle charte avec l’Etat. Mais, nous sommes toujours sur la voie d’une « régionalisation avancée » et repenser le rôle de l’Etat, et c’est un défi important ! Nous avons une « autoroute » devant nous pour avancer.

En terme constitutionnel, le changement a donc été très profond parce qu’y sont désormais inscrits les principes de subsidiarité entre collectivités locales et de libre administration. Cela a d’ailleurs eu un impact direct sur les régions, surtout en terme financier, où nous avons désormais une réelle autonomie financière. Ces modifications institutionnelles se sont traduites par l’exercice de compétences transférées (sans les fonds de l’Etat…) entre trois niveaux de collectivités que sont les communes, les départements, avec les conseils préfectoraux et provinciaux ,et les régions. Il existe des domaines d’intervention en terme de politiques publiques où les trois niveaux peuvent intervenir. Toutefois, les communes travaillent sur tout ce qui est services de proximité au citoyen : les services administratifs et les services publics en matière d’équipements, de transport urbain, d’éclairage public, de déchets, de traitement des espaces verts, etc. Et, avec cette nouvelle répartition des compétences, il a été question de supprimer les conseils préfectoraux et provinciaux, cela n’a pas été le cas et ce, pour assumer deux rôles importants. Le premier, c’est que dans le Maroc actuel, il y a encore un effort important à mener – et c’est une bataille de première nécessité – pour améliorer les conditions de vie de la population. Les conseils provinciaux et préfectoraux ont cette lourde tâche avec des moyens humains et financiers comme des compétences propres en matière sociale. Leur second rôle est celui d’apporter leur aide aux communes rurales.

Et concernant les régions, quelles sont leurs prérogatives ?

Au Maroc, les régions ont un rôle prépondérant en matière de développement. Elles ont pour mission de mener à bien chacune, un programme de développement régional (PDR) intégré, en matière de développement économique mais d’un développement économique durable « socialement parlant », environnemental et culturel aussi. La question de la compétitivité de l’économie du Maroc se pose donc aujourd’hui au niveau des régions. Elles ont deux moyens stratégiques de planification : le premier est le schéma régional d’aménagement du territoire, document qui trace les lignes directrices du développement du territoire sur une durée de 25 à 30 ans. Sur la base du schéma est ensuite construit le PDR, qui sert de projet politique au Conseil régional. Les citoyens lors des élections élisent d’ailleurs les conseillers sur ce programme, et pour la durée du mandat qui est de six ans. Un vrai contrat entre l’élu et le citoyen !

De plus, pour permettre aux régions d’avoir la capacité d’exécuter leur programme, il a été créé des établissements publics qu’on appelle les agences régionales d’exécutions des projets (AREP) qui devraient être les bras opérationnels des régions. Construire un nouveau modèle de fonctionnement. De manière générale, le développement régional se fait à vive allure, presque comme sur une autoroute, et Sa Majesté le Roi tient beaucoup à ce projet de régionalisation avancée ; tout comme désormais les citoyens qui identifient très bien leurs élus au niveau régional et en comprennent le fonctionnement.

La région Rabat-Salé-Kénitra affiche un fort taux de croissance économique, avec un secteur tertiaire très fort. Quels sont les atouts de votre territoire ?

Dans le PDR de la région voté en juillet 2017, nous avons retenu deux axes principaux de développement que sont l’attractivité territoriale et le renforcement de la compétitivité économique. Ainsi, si aujourd’hui, on prend un compas et que l’on dessine un demi-cercle, notre région est pratiquement en plein milieu des zones les plus dynamiques du territoire entre Tanger, Fès et Casablanca. Nous avons donc un positionnement géostratégique avec une accessibilité facilitée avec Casablanca notamment, etc… à la fois par le nouveau grand port Atlantique de Kénitra pour la logistique, mais aussi par le triplement de la voie ferrée ainsi que le TGV fin 2018… Aussi, dans la région, sont présents presque tous les domaines d’activités économiques possibles. Nous sommes la deuxième région agricole du Maroc et bientôt la première, grâce à nos importantes ressources en eau. Existe encore d’ailleurs des possibilités importantes d’investissements tant pour les marocains que pour les européens. En matière industrielle, le secteur est en plein essor notamment avec l’installation de l’entreprise de PSA Peugeot Citroën d’ici deux ans environ (et d’un open lab avec les universités), le temps de la construction des infrastructures. L’environnement est aussi très propice pour développer l’industrie aéronautique, électrique et ce qui touche aux nouvelles technologies (dans le domaine des NTIC notamment). Enfin, il existe aussi des possibilités assez importante de développement sur des terrains qui dépendent de la région. Nous sommes d’ailleurs à la recherche d’aménageur-développeur sur ce secteur.

De plus, notre région est aussi la première région universitaire – ce qui est primordial en terme de formation et de compétitivité – dont l’université Mohammed V, l’université internationale de Rabat et des partenariats avec d’autres pays d’Afrique. Nos laboratoires, etc., sont propriétaires de nombreuses innovations et brevets déjà ! Enfin, la région a aussi des potentialités dans le domaine du tourisme, notamment avec des sites historiques et un patrimoine naturel très important et de grand intérêt comme des sites aussi de montagne que nous souhaiterions développer.

La région Rabat-Salé-Kénitra, comme l’Etat marocain, facilite-t-elle l’investissement des entreprises sur son territoire, des aides notamment ?

Les aides à l’investissement et à l’installation existent pour faciliter l’installation de nouvelles entreprises, etc. Dès que le projet atteint 10 millions d’euros, et dans ce qui est prévu en terme règlementaire, ce sera par convention avec l’Etat, notamment au travers d’exonérations pour les premières années concernant les impôts et cotisations sociales. Et il peut y avoir d’autres avantages qui peuvent être accordées aux investisseurs. De plus, dans le cadre de notre PDR, il a été prévu des dispositions incitatives pour venir s’installer dans la région. Aussi, on peut dire que la région souhaite vraiment se positionner en terme économique et donc de faciliter l’installation de nouvelles activités (foncier à disposition, transports, etc.) et donc de nouveaux investisseurs(publics et privés).

Votre région a un accord étroit notamment avec la région Auvergne-Rhône-Alpes (France). Que représente pour vous ce partenariat ?

Il est très important pour nous d’être présents et de travailler ensemble sur des projets entre nos deux régions. Nous travaillons beaucoup sur les questions environnementales notamment sur le traitement par valorisation des déchets, la lutte contre la pollution des eaux développée par les entreprises de la région française. Nous travaillons aussi ensemble, en terme de création de valeur ajoutée, sur l’artisanat. Il s’agit de créer des pôles d’emploi. Aussi, avec la région Auvergne-Rhône-Alpes, nous nous sommes également mis d’accord pour mettre à disposition des entreprises des locaux dans nos deux régions pour la formation des artisans. Ces échanges et projets sont indispensables pour ouvrir de nouvelles opportunités de développement économique pour nos deux régions. Nous avons tous besoin de créer de la valeur ajoutée.

Vous êtes aussi une plateforme importante pour les marchés subsahariens, comment le Maroc se positionne-t-il sur ce sujet ?

Le Maroc aujourd’hui est un partenaire stratégique auprès de différents pays africains. Le pays donne accès à un marché de 1 milliard d’habitants. Notre pays a d’ailleurs signé beaucoup d’accords de libre-échange notamment avec l’Union européenne, le Canada, les États-Unis, les pays arabes comme la Tunisie, la Turquie, les Émirats arabes unis, etc. Cela représente donc des possibilités importantes pour toutes les entreprises qui veulent s’installer au Maroc ou dans d’autres pays du continent et ce, dans le cadre d’un partenariat Nord / Sud / Sud et donc un partenariat « gagnant ». L’Afrique est un continent de grandes opportunités mais qui est en droit aujourd’hui de se saisir d’une nouvelle approche visant à faire profiter les populations des valeurs ajoutées produites et non de rester dans une logique d’exploitation. D’ailleurs le Maroc ne veut pas se mettre dans cette deuxième logique. Nous souhaitons être un partenaire pour le développement de l’Afrique car nous en faisons partie aussi.

La région est très engagée notamment dans la protection de l’environnement. Pouvez-vous nous parler des projets lancés en matière d’accès à l’eau et à l’énergie, etc. ?

Notre PDR est construit sur trois piliers, trois ambitions : sociale, territoriale et économique. Aussi, il y a déjà une forte volonté de faire du développement durable, un principe qui est dans le sous-bassement de toutes les actions. Sur le volet environnemental, aujourd’hui, notre objectif est de travailler sur la politique de l’eau et notamment de réduire les pollutions. Dans ce cadre, on a mis en place des budgets conséquents pour cela. Nous sommes en train d’élaborer des projets pilotes en matière de traitement des eaux usées dans les quatre années à venir et également de mettre en place des projets de valorisation des déchets pour sortir de la logique de l’enfouissement des déchets solides, sans tri ni valorisation. Il y a aussi des projets en matière de développement d’énergies renouvelable avec du photovoltaïque ou d’autres technologies. Nous allons même commencer par le bâtiment siège de la région, et d’autres bâtiments publics pour faire des efforts de gestion. Nous espérons ainsi arriver à une production d’énergie renouvelable à hauteur de 50 % dans des délais assez courts Nous souhaitons réellement être acteur de cette mutation en aidant aussi les plus petites communes.. Nous mettons les moyens pour cela. Enfin, en terme de mobilité propre, nous investissons dans le prolongement du tramway Rabat-Salé pour réduire la pollution atmosphérique.

Vous présidez également l’Organisation des Régions Unies / Forum Global d’Associations de Régions (ORU/FOGAR). Quelles sont vos ambitions ?

En tant que président de l’ORU/FOGAR mais aussi membre de l’Association des régions du Maroc, nous travaillons, sur un objectif important pour moi, c’est de faire de l’ORU/FOGAR une plateforme au service des régions du Sud pour développer des projets qui s’inscrive dans la logique de résilience territoriale et de lutter contre le changement climatique. Mais ce qui se passe aujourd’hui, c’est que lorsque nous allons chercher des financements pour ce genre de projets, il faut que ce soit des projets « bancables », rentables… et nous n’avons pas toujours l’expertise suffisante face à la complexité des procédures pour obtenir des subventions à l’international… Voilà pourquoi une plateforme unique de projets serait bien nécessaire.

Un mot sur la francophonie, puisque vous présidez le groupe de travail « Développement économique » de l’Association Internationale des Régions Francophones. En quoi la langue française constitue-t-elle un avantage pour créer de la valeur, de l’emploi sur votre territoire ?

Que le Maroc soit un pays francophone, cela facilite de manière importante les relations avec l’Europe, la France, la Belgique mais aussi vers l’Afrique. La langue est un vecteur très important en terme de communication et de rapprochement entre les peuples, comme lors d’échanges scolaires ou mieux se connaître entre décideurs également. L’Association des régions francophones a un rôle très important dans ce domaine et ce dans deux sens : le premier, c’est que les partenariats durables réalisés qui se font entre collectivités, permettent que les aides aillent directement vers les populations et non vers les Etats. Le second, c’est qu’il vaut mieux travailler dans le cadre d’instances internationales, comme l’ORU/FOGAR, car cela permet d’optimiser les moyens et de créer une nouvelle approche Nord-Sud / Sud-Nord à développer davantage.

 

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M. Mohamed Achiq

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Directeur général des services du conseil régional Rabat-Salé-Kénitra

« La Région est en train de mettre en place une administration dédiée, à même d’assurer une véritable gouvernance économique à l’échelle du territoire ».

Sur le plan administratif et financier, la Région a un fonctionnement bien précis, y compris en interne avec une séparation nette avec les affaires politiques. C’est ce que M. Mohamed ACHIQ, Directeur général des services du conseil régional Rabat-Salé-Kénitra, nous explicite ici.

A la tête des services du conseil régional de Rabat-Salé-Kénitra, pouvez-vous nous expliquer vos missions ?

La loi organique de 2015 a défini les attributions des directions générales des services généraux des régions. Elles ont ainsi pour mission d’assister le président dans l’accomplissement de ses prérogatives. Les missions administratives sont ainsi bien différenciées des enjeux politiques au sein du Conseil, dont le président élu au suffrage universel assure désormais les fonctions d’ordonnateur. La mission globale du directeur est donc de construire une administration efficace, avec un organigramme et donc une architecture des services très structurée et des divisions dédiées : financière, environnementale, affaires rurales, développement économique et sociale, ressources humaines. Cela représente six divisions, qui sont en cours de construction. Car, les régions ont un rôle complexe à jouer en terme de développement intégré et durable, notamment avec la mise en œuvre du programme de développement régional, le PDR. C’est pour cela que la Région s’atèle actuellement à mettre en place une administration dédiée qui pourra, à terme, assurer une gouvernance économique à l’échelle du territoire.

Comment la direction générale des services travaille-t-elle avec les élus?

Malgré nos priorités et nos urgences, nous avons un dialogue important avec les élus et nous sommes surtout à leur écoute en permanence. Parfois complexes, parfois plus simples. Le DGS ne peut discuter les décisions politiques, mais seulement les exécuter. Toutefois, les élus ont besoin des services du conseil et inversement pour faire avancer les actions de la région. Concernant la communication politique, cela relève donc exclusivement des services de la présidence. Il y a donc une césure claire avec les services techniques de la région.

En termes de ressources humaines, comment voyez-vous la montée en charge des agents au sein du conseil ?

La volonté politique est là mais quand il n’y a pas les moyens humains derrière pour mettre en œuvre les actions, cela n’est pas suffisant. Comme dans toute organisation, les ressources humaines sont un élément fondamental. Avec la fusion des régions que nous venons de connaître, notre « nouvelle » région emploie actuellement environ 74 personnes. Mais, il nous faut surtout du personnel avec des profils bien précis. D’ailleurs, nous sommes en pleine opération de recrutement d’une dizaine de cadres supérieurs au titre de l’année 2017; trois ingénieurs en systèmes d’information, statistiques et en Energie/ Environnement, trois cadres financiers et comptables pour une meilleure gestion financière du budget de la Région (1 milliard de DH par an) et deux techniciens en Informatique. Nous sommes également entrain de recruter deux économistes spécialisés en conduite de projet et en développement territorial. Car nous avons un important travail à réaliser dans ce domaine.
Même si nous sommes la deuxième région du Maroc la plus riche, les indicateurs de développement humain sont encore très bas avec des difficultés dans certains territoires que nous devons traiter.

Les besoins en formation, tant du personnel administratif que des élus, sont-ils très importants ?

La formation continue des élus et des fonctionnaires territoriaux de la Région fait partie des attributions propres de la Région. Selon, le décret d’application de la loi organique relative aux Régions, nous devons former quelque 3000 élus d’ici la fin du mandat du Conseil c’est-à-dire 2021 (au moins 8 jours/homme de formation par élu). Pour ce faire en complément des formations du ministère de l’intérieur, nous avons mis en place la maison de l’élu où nous assurerons ces formations. Nous avons fait le choix de travailler avec les Universités de notre Région et non un bureau d’études pour élaborer notre schéma régional de la formation continue. Les premiers résultats sont probants et nous sommes d’ailleurs aujourd’hui suivis par d’autres Régions.

Concernant les agents territoriaux au nombre de 21.000 dans notre région, nous comptons nous appuyer sur les formations existantes et former des formateurs au nombre de 3000 également, sur des profiles cadre. La coopération décentralisée est un excellent vecteur également et nous devons développer les partenariats existants et en mettre d’autres en place. Toutefois, la question du recrutement dans la fonction territoriale au Maroc est encore difficile, il nous faut mieux valoriser le statut du fonctionnaire territorial pas seulement en terme de rémunération mais aussi en terme de traitement et respectabilité car ses missions sont au plus près du citoyen.

Quel a été votre travail sur l’élaboration du PDR ?

L’élaboration du PDR de la région Rabat-Salé-Kénitra(RSK) a été un vrai défi tant en interne qu’avec les bureaux d’études. Mais nous pouvons être fiers, avec nos équipes, du travail accompli jusqu’ici et qu’il faut poursuivre pour mettre en œuvre cet ambitieux programme. Le cadre de référence qui a été défini et voté par la suite en juillet montre déjà des résultats prometteurs même au bout de ces deux, trois premiers mois d’application. La structure du PDR est bien conçue. Si on souhaite ajouter une action, le document est suffisamment souple pour pouvoir l’adapter. Et, compte-tenu des enjeux de la région et du schéma régional d’aménagement du territoire, il y a fort à parier que nous aurons à l’adapter, à le mettre à jour régulièrement, et ce en lien avec les élus.

La région Rabat-Salé-Kenitra est en plein développement, est-ce un chalenge important pour les services de la région?

La région « RSK » est une région « Capitale » et cela suffit à dire que nous devons être exemplaires. Nous avons donc une forte pression de la part des élus et des citoyens pour accomplir nos missions. Toutefois, et comme l’avait annoncé la commission consultative qui a travaillé sur le lancement du processus de régionalisation avancé au Maroc, il faudra probablement deux mandats de conseil régional probablement, donc 12 ans, pour être pleinement opérationnels et efficaces. Nous vivons une période un peu bousculée car tous les « chantiers » sont lancés en même temps. Mais, nous nous en donnons les moyens. Les défis sont importants mais la motivation de nos services est là, au service de la région et je conclurai en vous disant que nous allons y arriver sans aucun doute !

 

 

 

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M. El Mahdi Arrifi

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Direction régionale de l’agriculture de Rabat-Salé-Kénitra

« La région a des expériences très réussies d’agriculture solidaire qui démontrent son impact positif sur l’amélioration des conditions de vie de nos populations ».

A la direction de l’Office régional de mise en valeur agricole (ORMVA) du Gharb et à la Direction régionale de l’agriculture de Rabat-Salé-Kénitra, M. El Mahdi ARRIFI décrypte le modèle agricole, ses atouts, ses difficultés ainsi que les premières conséquences des changements climatiques qui s’annoncent.

Pouvez-vous nous présenter les missions et compétences de l’Office régional de mise en valeur agricole du Gharb que vous dirigez ?

L’Office régional de mise en valeur agricole (ORMVAG) est un établissement public qui est doté de l’autonomie financière et de la personnalité morale. Il est sous la tutelle du ministère de l’Agriculture mais également sous la tutelle financière du ministère de l’Économie et des Finances. C’est un organisme qui a été créé en 1966 pour gérer le grand périmètre du Gharb qui fait plus de 380 000 hectares de terrains, avec un haut potentiel de production. L’irrigation est faite par de grands barrages. L’Office est investi de trois grandes missions : la première est de créer les aménagements fonciers et hydrauliques qui concourent à l’amélioration de la productivité agricole. Sa deuxième mission, concerne la gestion de l’irrigation, en assurant l’exploitation et la maintenance des réseaux d’irrigation et de drainage mais aussi la distribution de l’eau aux exploitants agricoles. Enfin, sa troisième mission est le développement agricole avec l’accompagnement des exploitants, la réalisation d’études et de statistiques agricoles et l’exécution de projets qui portent sur les filières de production végétale et animale. Depuis sa création, de nombreux aménagements ont donc ainsi été réalisés.

Les potentialités agricoles de la région de Rabat Salé Kénitra en chiffres :

  • Superficie totale de 1,7 millions d’hectares;
  • 20 % des ressources en eau du pays ;
  • Superficie de « grande irrigation » qui dépasse 115 000 hectares ;
  • Des ressources en eau souterraines de près d’1 milliard de m3;
  • Une grande diversité de cultures : fruits, agrumes, oliviers, fruites rouges, maraichage, céréales, légumineuses, cultures sucrières, riz, fourrages et même des cultures tropicales, etc. ;
  • En terme de production animale : plus de 700 000 têtes de bovins et plus de 2, 1 millions de têtes d’ovins ;

 

Avec toutes ces productions, notre région est aujourd’hui en première des régions agricoles du pays à côté de la région de Casablanca. Notre contribution régionale au PIB nationale en matière agricole est de 15% en 2016. Il y a donc un potentiel important que nous sommes bien sûr toujours en train de valoriser. Il y a encore des possibilités de développement notamment dans le cadre du « Plan Maroc vert ». En termes économique et financier, l’Office a plusieurs sources de financement. La première provient du budget général de l’État près de 97 % de financement de la part du ministère de l’Agriculture. La seconde, qui assure la totalité de nos dépenses de fonctionnement, provient des redevances sur l’eau payées par les exploitants agricoles sans avoir recours aux subventions de l’État. La totalité des fonds étatiques sert à l’investissement dans les projets.

Le gouvernement marocain, a lancé en avril 2008 le « Plan Maroc Vert » où en sommes nous dans la région ?

Cette stratégie « Plan Maroc Vert » (PMV) est née grâce à la forte volonté de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, cette politique nationale est déclinée par des plans agricoles régionaux. Notre région a donc son propre plan et c’est un des plus importants au niveau national. Notre plan repose sur le développement d’une agriculture à haute valeur ajoutée, dans le périmètre de « grande irrigation » et sur un programme d’agriculture solidaire pour les zones précaires orienté vers les petits agriculteurs pour favoriser la reconversion vers des cultures plus porteuses.

Notre plan, fait appel à la mobilisation d’investissement privé mais également public dans les filières porteuses végétales et animales. Pour cela, nous avons un programme d’investissement approchant 19 milliards de dirhams (soit près de 2 milliards d’euros) sur la période du PMV (2008-2020).
La réalisation des projets se fait évidemment avec les partenaires privés, donc des investisseurs organisés notamment dans le cadre des « interprofessions » depuis 2012 pour structurer chaque filière de l’amont à l’aval de la production jusqu’à la transformation en incluant tous les acteurs : du producteurs à l’exportateurs. Ces partenariats peuvent aussi être structurés sous forme d’agrégats qui permettent aujourd’hui de rassembler des producteurs qu’ils soient petits, moyens ou grands, autour d’une même filière agricole et donner l’opportunité aux petits ou moyens agriculteurs d’accéder au financement à travers les garanties données par l’agrégateur. Depuis sa mise en œuvre en 2008, le PMV a pu se développer grâce à ces systèmes mutualisés d’investissement. Les investisseurs étrangers, comme les espagnols pour les fruits rouges par exemple, nous apportent également un de transfert de compétences et jouent un rôle de levier auprès des petites exploitations.

Quels sont les grands projets à horizon 2020, sur le PMV et concernant la reconversion pour l’irrigation, les réseaux d’irrigation et les stations de pompage ?

Nos projets et chantiers actuels en matière d’eau d’irrigation sont transversaux et ambitieux pour un investissement très élevé de 25 milliards de dirhams (2,5 milliards d’euros). Cela concerne trois axes principaux. D’abord, il s’agit de l’extension du périmètre d’irrigation car il est possible de développer davantage l’accès aux ressources en eau disponibles. Le deuxième axe est relatif à la reconversion des réseaux pour de l’irrigation économe en eau. Enfin, le troisième et dernier axe concerne l’amélioration du réseau de distribution d’eau, la mise au niveau du réseau d’assainissement des eaux agricoles et le désenclavement du monde agricole avec la valorisation de la production et de nouvelles unités de conditionnement. D’ailleurs nous avons pu à ce titre bénéficier de financement européen. Par exemple, le premier des grands projets que nous avons réalisé a concerné la reconversion de 10 000 ha d’un système d’irrigation peu efficient que nous avons reconvertis sur de l’irrigation au goutte-à-goutte et ce avec le concours de la Banque européenne d’investissement qui a financé à 50 % ce programme. C’est un projet aujourd’hui très réussi, qui est pris en modèle et qui fait l’objet de nombreuses visites. En effet, nous avons mis en place un système d’irrigation moderne piloté par les nouvelles techniques d’avertissement à l’irrigation et intégrant le volet de mise en valeur agricole dans l’objectif d’améliorer la productivité et de diversifier les cultures , pour plus d’économie et une meilleure valorisation ainsi que pour faire face aux effets du changement climatique.

 

Quels sont aujourd’hui les progrès réalisés dans les domaines de l’amélioration de la croissance agricole, de la lutte contre la pauvreté et la faim, l’intégration des jeunes mais aussi en termes de résilience de l’agriculture ?

On parle beaucoup de progrès au Maroc et cela reste nécessaire. Sur le plan humain, le secteur agricole est bien entendu prioritaire. Le ministre de l’Agriculture a pris conscience, dès le lancement du PMV, de l’importance de former, d’accompagner et d’encadrer les agriculteurs. C’est pourquoi, il a été mis en place une structure à l’échelle nationale très imposante dédiée au conseil agricole et à l’accompagnement. C’est l’Office National du Conseil Agricole qui possède des directions régionales et des services provinciaux du conseil agricole au niveau de tout le territoire national, cet Office est chargé d’assurer un conseil de proximité sur tous les plans, que ce soit technique, de gestion, de besoin en formation, d’accompagnement au changement, etc…

Depuis plus de huit ans de mise en œuvre du PMV, la région a des expériences très réussies d’agriculture solidaire qui démontrent son impact positif sur l’amélioration des conditions de vie de nos populations et de lutte contre la précarité. Enfin, la formation professionnelle agricole compte aussi beaucoup pour le progrès du secteur. Nous disposons d’établissements de formation professionnelle pour former des techniciens spécialisés, des techniciens, des ouvriers qualifiés dans différents disciplines, comme l’horticulture, l’élevage, la mécanisation, l’irrigation, etc.. Nous assurons aussi la formation par apprentissage surtout pour les fils d’agriculteurs, 3000 bénéficiaires sont attendus à l’horizon 2020, cela va permettre d’améliorer le niveau des petites exploitations. L’effet se fait déjà sentir, de nombreux jeunes font « bouger » le système actuellement !

 

 

En termes de résilience, beaucoup d’efforts se font. Nous sommes fortement conscients des conséquences des changements climatiques : le Maroc se situe au carrefour des changements climatiques entre l’Europe, l’Afrique et l’océan Atlantique, la Méditerranée. Nous faisons face de plus en plus à des phénomènes climatiques extrêmes : des sécheresses prononcées comme en 2015-2016, des inondations très importantes comme en 2009-2010. Nous sommes donc dans une perspective d’adaptation de nos cultures, en rationnalisant nos ressources, afin d’appréhender et nous adapter aux changements climatiques. D’ailleurs, le Maroc est le seul pays au Monde actuellement qui subventionne à 100 % les projets d’économie d’eau.

Quel message souhaitez- vous faire passer à notre lectorat ?

Le partenariat historique du Maroc avec l’Union européenne dans le domaine de l’agriculture est un point pour nous essentiel. Les investisseurs européens sont donc les bienvenus au Maroc pour participer à notre développement. Le savoir-faire des entreprises européennes est le bienvenu dans le domaine de l’irrigation, de l’aménagement de l’espace agricole, des aménagements hydrauliques. Et surtout, nous prenons très au sérieux la dimension du changement climatique que nous intégrons dans chaque action, dans chaque projet ; l’objectif étant de sauvegarder les ressources naturelles et surtout d’augmenter la résilience de l’agriculteur et de l’agriculture en général.

 

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Mme Nadia Benslimane

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Directrice générale du Conseil régional du tourisme de Rabat-Salé-Kénitra

« Notre souhait pour le tourisme est de positionner Rabat et sa région comme une vraie destination touristique à l’instar de Marrakech et Agadir ».

Directrice générale du Conseil régional du tourisme de Rabat-Salé-Kénitra, Nadia Benslimane, nous invite à visiter sa région en parlant des opportunités et perspectives de développement en matière touristique.

Pouvez-vous nous présenter le Conseil Régional du Tourisme de Rabat-Salé-Kénitra, sa mise en place, ses missions et compétences ?

Notre Conseil Régional du Tourisme (CRT) a été créé en novembre 2004 sous le statut d’association consulaire et ce, conformément à la stratégie de l’Etat mise en place nommée « Vision 2010 » qui consacre l’approche régionale comme un axe stratégique majeur de la nouvelle politique touristique. C’est ce qui fait du tourisme, un secteur prioritaire pour la région. Il existe des CRT dans chaque région au Maroc. Notre Conseil fédère l’ensemble des partenaires régionaux : les autorités nationales avec les services extérieurs de l’administration et les autorités locales représentée par le Wali (ou le Gouverneur), les collectivités avec les élus locaux, les professionnels du secteur (hôtellerie, restauration, secteur culturel) et les aménageurs -développeurs. Les missions du CRT que je dirige, sont de contribuer au développement de l’industrie touristique au sein de la région, à la mise en œuvre des conditions nécessaires pour assurer un développement durable du tourisme à Rabat et de sa région. Nous œuvrons aussi pour améliorer le positionnement stratégique de la région sur le marché national et international du tourisme. De plus, nous menons une action globale et consensuelle à même de focaliser l’attention des pouvoirs publics et des acteurs majeurs du secteur mais aussi des marchés émetteurs de Rabat et de sa région en tant que destination touristique, et ce en partenariat avec l’Office national marocain du tourisme (ONMT). Nous sommes aussi en charge de veiller à la qualité de la formation en collaboration avec les établissements de formation ainsi que de la qualité des services offerts à nos visiteurs. Le CRT de Rabat-Salé est donc un outil de développement et d’animation.

Quels sont aujourd’hui les points forts de la région ?

Les points forts et les grands domaines d’attractivité de votre Région repose sur l’histoire exceptionnelle de notre région, sa richesse culturelle et la diversité de ses sites naturels. La nouvelle configuration régionale Rabat-Salé-Kénitra est un atout remarquable pour la diversification du tourisme de cette grande région. La fusion des deux anciennes Régions Rabat – Salé- Zemmours – Zaërs et Gharb – Chrarda Bni Hssen permet à cette nouvelle région de se diversifier. Faisant partie de la région centre Atlantique du pays (appartenant à la « vision 2020 »), notre région est nommée « la côte des affaires et des loisirs ». En effet, la région de Rabat-Salé-Kénitra a dans son ADN un positionnement culturel fort au vu de l’occupation humaine qui remonte à la Préhistoire, aux Phéniciens et aux Romains notamment et dont les vestiges se retrouvent aussi bien aussi bien à Rabat-Salé que sur les sites archéologiques de Thamusida, Banassa Harhoura, Oued Beht.

De plus, environ 80% du territoire de la région est en zone rurale avec de espaces naturels de grande valeur sans oublier les 170 kms de littoral. Enfin, autre point fort et non des moindres, il s’agit de la ville même de Rabat, chef-lieu de la région mais aussi et surtout la capitale du Royaume, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2012. Nommée « ville lumière, capitale culturelle du Maroc », Rabat est le porte-étendard moderne de l’authenticité marocaine. « Elégante et secrète », elle est ancrée dans son histoire mais tournée vers l’avenir. C’est une ville résolument moderne qui a su préserver son côté authentique. Elle confond dans une même élégance son cœur historique et sa cité moderne. Elle offre à ses citoyens et visiteurs des expériences enrichissantes, des découvertes inattendues, un cadre de vie de grande qualité et un environnement naturel d’exception. Rabat « ville jardin » est une ville propre et verte avec plus de 20m² d’espaces verts par habitants, des parcs urbains et une ceinture verte qui forme un écrin pour Rabat.

Engagée de plein pied dans la modernité, Rabat dispose d’excellentes infrastructures et notamment d’une gare TGV. Les projets structurants tels que le tramway, l’aménagement des berges du Bouregreg, la Corniche, en font aussi une ville moderne, avec une dynamique touristique positive. Ainsi, le projet de développement quinquennal 2014-2018, Rabat « ville lumière, capitale culturelle du Maroc » va lui donner encore plus d’éclat avec des projets de grandes envergures : tels que le grand théâtre de Rabat et la Maison de la Culture.

 

Une culture vivante et moderne

A Rabat, on trouve les monuments historiques classés dont la Tour Hassan et le Mausolée Mohamed V, la Médina andalouse, les remparts et portes, le site romain du Chellah « Sala Colonia » et sa nécropole mérinide, la Qasba des Oudaïa, les bâtiments d’architecture coloniale mais aussi du XXème siècle et puis les jardins historiques tels que le jardin du Triangle de vue, le jardin d’Essai Botanique et le quartier des Habous. Tous les arts s’y retrouvent dans sept musées dont le musée Mohammed VI d’art moderne, le musée Bank Al Maghrib, le musée des Oudayas, le musée Archéologique, la Bibliothèque Nationale du Royaume, les galeries d’arts telles que la Villa des Arts, Galerie Bab Rouah sans oublier le Théâtre Mohammed V. La ville est aussi le lieu de grands événements tels que le festival Mawazine, Jazz au Chellah, cortège des cierges, festival du cinéma féminin de Salé, festival des corsaires, le Street Art, le trophée Hassan II de golf qui fait partie de l’European Tour ainsi que des compétitions hippiques. La ville bénéficie d’un arrière pays regorgeant de sites naturels qui en font un atout de poids et de bénéficier d’un climat tempéré toute l’année. Il y a notamment Salé, la cité millénaire sur la rive droite de l’oued Bouregreg, jumelle de Rabat, avec sa médina, son architecture militaire, ses murailles, ses portes et bordjs, la médersa mérinide, les zaouïas et les mausolées sans oublier « La légende des deux rives ». Il y a aussi les sites archéologiques romains sur la plaine de Gharb de Thamusida, Banassa, Rhya. On peut également visiter la Qasba de Mehdia et celle de Kénitra.

 

De grands sites naturels

La région bénéficie d’un littoral important avec de belles plages, des spots pour le surf, des lagunes (Skhirate, Témara, Bouknadel, Mehdia), la Merja Zerga (RAMSSAR), la future orniche de Rabat sur13 km, le projet Addoha à Bouknadel littoral de Salé mais aussi l’aménagement en cours des Rives du Bouregreg et les berges de oued Sbou. La région a aussi un couvert végétal important propice à la découverte et à la randonnée avec la forêt de la Maamora (130.000 ha constituée essentiellement de chêne liège), celle du Korifla (20.000 ha), des M’Khinza (4.000 ha) ainsi que le plateau d’Oulmès et les hauts plateaux du pays Zaer ainsi que la fôrêt de Aïn Felfel et de Harcha, la réserve de chasse de Arboua et la réserve biologique de Sidi Boughaba (zone RAMSAR). Il existe aussi de grandes ressources hydriques valorisantes offrant des espaces de balade, de sport nautique et des zones de verdure remarquables avec le lac Sidi Mohammed Ben Abdellah, celui de Rouidate, de Dayet Roumi et d’Al Kanzra ainsi que les berges de l’Oued Sbou et des zones propices au tourisme thermale dont Oulmes, Rommani, Sebt Marchouch.

Quelle est la stratégie régionale de développement touristique actuelle que vous développez ? Pouvez-vous nous donner quelques tendances sur la fréquentation et les profils des visiteurs de la région?

Conformément à la stratégie nationale « vision 2020 », notre ambition pour la Région est de construire un tourisme d’avenir pour tous, créateur d’emplois et respectueux de l’environnement, « Un tourisme innovant et durable » afin de faire du tourisme un facteur d’attractivité, de rayonnement, d’emploi et de développement territorial mais aussi de développer un tourisme engagé dans la valorisation de l’environnement et promouvant un tourisme solidaire et accessible à tous. Nous souhaitons également accroître les retombées économiques du tourisme de manière à créer des emplois, augmenter le nombre de nuitées ainsi que les retombées économiques. Cette stratégie touristique durable et innovante a pour but aussi d’impacter l’économie régionale.

Nous souhaitons mettre en place une identité touristique de la région basée sur trois piliers que sont la culture, la nature et le balnéaire en structurant une offre « à haute contribution » pour l’adapter à la demande pour des trois filières majeures que sont le tourisme culturel, de nature et balnéaire. Enfin, conformément au découpage touristique national actuel « Région Centre Atlantique », nous voulons inscrire notre développement touristique de la région dans un souci de cohérence nationale, de complémentarité et de concurrence. Nous souhaitons également travailler dans la durée en passant d’une démarche de tourisme de niche à une démarche intégrée implantant toute la chaîne de valeur de l’offre à la consommation. Il s’agit aussi pour nous de viser l’excellence en matière d’accueil et de valorisation touristique des sites naturel et culturels en nous appuyant sur le pôle structurant de Rabat-Salé pour rayonner sur les autres destinations régionales et renforcer la capillarité entre la région et les autres destinations comme Marrakech ou Agadir.

Car, malgré les atouts touristiques, le secteur du tourisme dans notre région occupe jusqu’à présent une place modeste dans l’économie. Fin 2016, nous avons enregistrés plus de 530 000 nuitées. La durée moyenne de séjour est de 1,9 semaines alors que la moyenne nationale est de 3,1. Mais notre capacité en lits est en nette croissance avec une capacité de 6 998 lits classés contre 5 600 lits en 2013. Plus de 3 500 lits sont en cours de réalisation avec des ouvertures nouvelles dès cette année 2017. Ainsi, la destination Rabat- Salé-Kénitra est une destination en devenir qu’il convient de consolider avec une vraie stratégie et un positionnement lui permettant de se différencier des autres destinations concurrentes. Notre souhait pour le tourisme, dans la région, c’est justement de positionner Rabat et sa région comme une vraie destination touristique à l’instar de Marrakech et Agadir. Donc, pour améliorer le positionnement de la région à l’échelle nationale, nous avons pour ambition de capitaliser sur les synergies importantes qui existent avec les sites de Casablanca et El Jadida afin de s’établir comme la « Côte des Affaires et des Loisirs » du pays. Au sein de cette côte, la région, ancrée dans le site de Rabat, pourrait être positionnée comme la « Capitale Sereine », dans laquelle le touriste peut se ressourcer lors d’un voyage d’affaires et potentiellement le prolonger. Ainsi, la région pourrait structurer la croissance de son tourisme autour de 2 axes majeurs. Tout d’abord de poursuivre le développement des grands projets en cours (le plan quinquennal 2014-2018 pour la mise à niveau urbaine de Rabat, sa future corniche, la station de Mehdia ainsi que le port de « Kénitra Atlantique »). Pour cela, nous voudrions consolider le développement de l’offre pour le tourisme d’affaires avec la mise en place d’équipement adéquats comme un palais des Congrès et en enrichissant le produit avec une offre culture et ceci dans le cadre du programme « Mdinti » et développer une offre en animation et loisirs de haute valeur ajoutée (parc d’attraction, circuit / resort et golf, des manifestations culturelles et sportives, le golf, le tourisme de bien-être et de santé). Enfin, nous souhaitons également développer le tourisme rural, l’agro-tourisme.

Nous voulons donc mettre en place pour cela une politique promotionnelle pour les 10 années à venir avec une marque tourisme « Rabat et sa Région », viser les marchés émergents à fort potentiel, adopter un positionnement marketing qui valorise la diversité de l’offre, donc développer une stratégie web marketing avec le m(e)-tourisme. Enfin, nous voulons aussi nous préparer à plus long-terme (au-delà de 2020) à l’émergence de Rabat comme destination de city-break à part entière. Sur ce plan et dans le cadre de notre partenariat avec l’ONMT, notre CRT compte renforcer sa participation aux différentes manifestations nationales et internationales (foires, work shop), investir le digital pour de donner plus de visibilité à la destination et encourager l’investissement touristique dans la région.

La formation est un sujet important dans le tourisme, quelle politique souhaitez-vous mettre en œuvre dans ce domaine ?

Le CRT entend soutenir fortement les programmes de formation touristiques auprès des opérateurs dans l’éco-tourisme notamment. Rabat concentre énormément de diversité dans le domaine de l’éducation et de la formation avec de grandes infrastructures universitaires. Nous voulons privilégier les formations pour les métiers du tourisme (formations diplômantes et formations continues au profit des différents prestataires et ce, dans un souci de garantir la qualité de services). Nous souhaiterions également mettre en place une école d’excellence conformément à la stratégie nationale touristique. L’enjeu pour la région est de former plus de 48 000 jeunes d’ici 2020, de créer de nouvelles filières.

 

Le potentiel touristique et d’investissement est donc à développer. Comment envisagez-vous le positionnement de la région dans l’avenir au niveau international ?

Nous sommes une région en plein développement et où il y a des opportunités d’investissement dans tous les secteurs et notamment dans le secteur du tourisme. Nous avons encore beaucoup de « place » sur le littoral pour nous développer, mais cela suppose aussi pour nous d’investir dans les réseaux. Notre Conseil est sur cette dynamique. Un investissement important a été engagé pour l’ancrage du produit touristique déjà sur la période 2011-2016. Notre destination est une destination en devenir, plus de 3500 lits sont cours de réalisation. Nous voulons doubler la capacité du secteur et viser les marchés européen dont la France, l’Espagne, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, mais aussi les marchés émergeants avec les USA, les pays scandinaves, les pays Arabes et la Russie mais aussi les marchés qui sont des relais de croissance comme la Chine, l’Inde, le Brésil et les pays Africains
Sont en cours le développement de la capacité d’hébergement, du Meetings, Incentive, Convention & Events (MICE) et des animations avec :

  • de nouvelles capacités de lits : + 3.092 lits dont 1792 lits sur la nouvelle station de Biladi Mehdia (hors 742 emplacements du camping) ;
  • l’injection d’offres MICE et d’animations avec le Pôle Wessal Bouregreg avec un investissement total de 9 milliards de dirhams mais aussi sur le Grand Théâtre, le Musée de l’archéologie et des sciences de la Terre, la maison de la Culture et la Marina Bouregreg ;
  • le renforcement de l’offre culturelle avec le développement du Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain ;
  • et la captation de grandes enseignes hôtelières comme le Marriott, le Ritz Carlton et le Fairmont.

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