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AUJOURD’HUI COMME HIER, LA SNCF INNOVE POUR INVENTER LA MOBILITE DE DEMAIN

Jean-Pierre FARANDOU, Président-Directeur-Général de la SNCF

Jean-Pierre Farandou, Président-directeur général de SNCF

A la fin des années 60, le ferroviaire est fortement concurrencé en France par le « tout auto » et les prouesses du Concorde. C’est l’invention du TGV, à partir des années 80, qui permet à nouveau de faire du rail un véritable chemin d’avenir.

En 2020, c’est un contexte d’une toute autre nature qui fragilise le ferroviaire, comme tous les transports collectifs : une dé-mobilité imposée par la pandémie de Covid-19. Y voir une simple parenthèse qui se refermerait naturellement avec la décrue épidémique serait une erreur stratégique. Certaines de ses conséquences seront durables.
Certes, le contexte de 2021 n’est pas celui de 1960. Le train, parce qu’il émet 30 fois moins de gaz à effet de serre que la voiture et 20 fois moins que l’avion, sera naturellement porté par l’aspiration écologique grandissante, notamment chez les plus jeunes. Laisser ainsi faire cette lame de fond serait tentant, mais cela ne saurait être suffisant.

Aujourd’hui comme hier, c’est en innovant que le ferroviaire pourra renforcer son utilité et sa performance au service de tous

Si les plans français et européen le mettent au centre de la relance, c’est parce que le ferroviaire est une solution majeure aux défis qui s’accélèrent : l’impératif climatique, le creusement des inégalités économiques et sociales, les fractures territoriales.
Dans ce contexte, la responsabilité de la SNCF est d’inventer la mobilité de demain, celle qui permettra de conjuguer performances économique, sociale et environnementale. L’utilité publique de notre activité nous y oblige.
Nous nous en donnons les moyens, grâce à notre projet de transformation « Tous SNCF » dont l’innovation est l’un des quatre piliers – aux côtés de l’humain, des territoires et de l’environnement- ; et en faisant résolument le choix de la collaboration, avec d’autres secteurs et avec nos partenaires européens, parce qu’une transformation d’ampleur est indispensable.

Innover pour un ferroviaire toujours plus durable

Parce que la mobilité est au cœur de notre quotidien, la SNCF a un rôle essentiel à jouer pour que nous réussissions la transition écologique, en donnant à chacun les moyens de s’engager et d’agir.
En plus d’accompagner les territoires dans la mise en œuvre de leur transition écologique locale et de renforcer la performance environnementale de sa production, la SNCF innove pour faire du ferroviaire un mode de transport toujours plus décarboné. Nous nous sommes fixés un objectif ambitieux : réduire de 30% nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, pour atteindre en 2050 la neutralité carbone.
Pour cela, nous adaptons ce qui peut l’être. Dès l’année prochaine, et avec l’objectif d’une entrée en service commercial fin 2022, nous expérimentons en partenariat avec Alstom et quatre Régions le premier TER hybride. Le remplacement de 2 des 4 moteurs diesel par des batteries au Lithium permet une réduction de 20% de gaz à effet de serre, et une baisse de la consommation d’énergie de 20% également. En 2022, nous réaliserons les essais du premier train à batterie avec une autonomie de 80 km, pour une mise en service de cinq premières rames dans cinq Régions dès 2023. 2023 devrait également voir les circulations techniques du premier train à hydrogène.
Et nous inventons ce qui doit l’être. Près de 40 ans après le TGV, nous créons le train du futur qui conjuguera performance économique, écologique et sociale. Le « TGV M », composé à 97% de matériaux recyclables, sera déployé à partir de 2024. Modulable, il permettra de transporter 20% de passagers supplémentaires à son bord tout en étant plus spacieux et plus économe en énergie. Économe, il le sera également en coûts d’entretien, grâce aux outils de maintenance prédictive dont il sera équipé.
Avec son programme Train Autonome, la SNCF fait le choix de transporter demain plus de voyageurs et plus de marchandises. Nous avons une conviction forte : l’autonomie constitue un atout majeur pour le train. Elle nous permettra d’apporter de nouvelles solutions ferroviaires pour accompagner la transition écologique en favorisant le report modal et en diminuant la consommation énergétique des trains. Deux ans après le lancement, en 2018, de deux consortiums dédiés au développement d’un prototype de train autonome, l’un pour le fret, le second pour le transport de voyageurs, la SNCF a franchi une première étape essentielle. Fin octobre 2020, une locomotive a circulé en autonomie partielle sur le réseau ferré national entre Longwy et Longuyon, dans l’Est de la France, sur une ligne équipée du système de signalisation européenne ERTMS, sous la surveillance d’un conducteur. Ce projet mené avec Alstom, Altran, Apsys, Hitachi Rail et l’Institut de Recherche Technologique (IRT) Railenium est orienté vers son objectif final : faire circuler un prototype en autonomie complète en 2023. Cet objectif guide également le projet de prototype TER autonome qui rassemble la SNCF, Bombardier, Bosch, Spirops, Thales et l’IRT Railenium. Une rame TER Regio 2N est en cours de modification pour démarrer fin février 2021 ses premiers essais en semi-autonomie.
L’ensemble des travaux menés sur l’autonomie sont partagés avec nos homologues européens dans le cadre de Shift2Rail en vue de préparer les futures règlementations.

Construire le futur système ferroviaire européen dans le cadre du programme Shift2Rail

Parce que le déplacement ferroviaire des hommes et des marchandises doit se concevoir dans un espace ferroviaire européen unique, parce que la compétitivité de l’industrie ferroviaire européenne n’est assurée que sur des marchés européens et mondiaux, parce que la recherche et l’innovation au niveau européen soutiennent l’indispensable effort collectif des acteurs européens, le groupe SNCF, grand opérateur européen a investi résolument dans le partenariat Shift2Rail au sein du programme Horizon 2020. Le travail collaboratif des industriels et des opérateurs de la gestion de la ressource/asset au contrôle-commande, au fret, accélère l’évolution technologique et digitale du mode. Les résultats des projets renouvellent son image porteuse de plus d’innovation. Dans la définition du partenariat successeur Europe’s Rail prévu pour fin 2021, la SNCF s’implique activement dans sa définition avec l’ensemble du secteur pour transformer et amplifier les résultats déjà obtenus autour de 9 grandes thématiques, notamment l’automatisation/autonomisation, la décarbonation du mode, la gestion intelligente de la ressource, le fret ferroviaire, le jumeau numérique, une architecture technique partagée apte à des évolutions rapides.

Innover pour un ferroviaire toujours plus connecté aux besoins et attentes des voyageurs comme des collectivités locales

Si cette pandémie n’a pas créé de besoins radicalement nouveaux en termes de mobilité, elle a toutefois révélé la prégnance de certaines attentes de nos clients, voyageurs comme collectivités locales, et accéléré de nouveaux usages.
Indéniablement, la Covid-19 a généré beaucoup de bouleversements et d’incertitudes à l’intérieur de nos sociétés européennes, d’où un besoin réitéré de dialogue, de proximité et de confiance. A la SNCF, cela nous pousse à renforcer encore les fondamentaux de la qualité de service ferroviaire, base du contrat de confiance qui nous lie aux voyageurs et aux territoires. Notre objectif est de diviser par trois le nombre de pannes, pour plus de sécurité, une meilleure ponctualité et une information aux voyageurs plus rapide. C’est pourquoi nous déployons depuis octobre 2020 nos outils de maintenance prédictive sur tous les TGV et TER qui n’en bénéficient pas encore, et les étendons à d’autres organes des trains déjà équipés. Leader mondial dans ce domaine, SNCF développe des outils capables d’analyser en temps réel plus de 2 000 variables d’un train, sur plus de 300 unités simultanément.
En nous contraignant à la distance physique et sociale, cette crise a très clairement entrainé une accélération de la transition numérique de nombreux secteurs et une digitalisation accrue des usages. La SNCF a toujours été pionnière en matière d’innovation digitale au service de la mobilité. Son site de e-commerce, OUI.sncf, célébrait en 2020 ses 20 ans – autant d’années durant lesquelles il a su anticiper et accompagner les usages des voyageurs. Avec l’Assistant SNCF, nous développons une mobilité résolument intermodale, qui conjugue les atouts des différents modes de transport autour du ferroviaire dans tous les territoires, pour une mobilité « sans couture » y compris sur le dernier kilomètre. En 2021, le groupe renforcera encore cette dynamique en réunissant toutes ces solutions dans une application unique, pour une plus grande fluidité de l’expérience client, plus de proximité et de conversations avec nos usagers, plus de services à leur disposition. Et parce que notre ambition est de faire de cette application une véritable plateforme de mobilité française et européenne, elle sera également ouverte à toutes nos parties prenantes, notamment aux Autorités Organisatrices de la Mobilité.

A la SNCF, nous sommes donc convaincus que l’innovation est synonyme de progrès. Mais il y a une condition à cela : que la technologie complète et renforce les relations humaines, sans jamais avoir la tentation de les supplanter.
Aujourd’hui comme hier, la SNCF s’appuiera sur l’innovation pour renforcer sa proximité et son utilité au service de ses collaborateurs, des voyageurs et des territoires.

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