CNR est une entreprise au modèle unique. Celui-ci a-t-il été un atout pour vous permettre de traverser la crise liée à la Covid ?
Le modèle CNR est unique en ce qu’il permet une gestion intégrée et systémique du fleuve Rhône. En témoigne nos trois missions solidaires consistant à produire de l’hydroélectricité, aménager la voie navigable et irriguer les terres agricoles environnantes.
En tant qu’aménageur du territoire, notre capacité à intégrer les questions environnementales dans nos développements industriels, notre ancrage territorial et le fait que nous soyons le premier producteur français d’énergie 100% renouvelable, grâce à nos actifs de production éoliens et photvoltaïques, sont une vraie force de notre modèle.
La crise sanitaire que nous traversons actuellement impacte fortement l’ensemble des territoires. Le territoire Rhôdanien n’a pas été épargné. Dans la seule Région Auvergne-Rhône-Alpes, le nombre de demandeurs d’emploi au 3ème semestre représente une hausse de 10% en un an.
Face à cette situation, le modèle d’entreprise de CNR est un atout, mais nous devons être vigilant et redoubler d’efforts dans une période éprouvante pour notre économie et notre société. Plus que jamais, les forces de ce modèle ont vocation à être mises au service de la préservation du tissu entreprenarial et de l’innovation sur le territoire.
En ces temps difficiles, toutes nos équipes sont mobilisées au quotidien et agissent afin de contribuer à préserver le tissu économique et social qui entoure la CNR. Nos missions d’aménageur ont besoin du dynamisme économique de nos parties prenantes. Comment développer la navigation sur le Rhône si les entreprises de transports n’ont plus la capacité d’y affreter des barges ? Comment développer des parcs éoliens ou photovoltaïques et atteindre nos objectifs ambitieux de développement à horizon 2030 si les entreprises avec lesquelles nous travaillons n’ont plus les moyens de produire les éléments qui les composent ? L’innovation et la transition écologique sont des aventures collectives dans lesquelles nous avons besoin de la force de chacun. C’est vers cela que tendent les efforts de CNR aujourd’hui.
L’ancrage local et l’accompagnement du tissu économique sont au coeur de vos préoccupations. Ces deux élément sont-ils les clés pour envisager une reprise rapide et durable de l’économie ?
Sans les entreprises, nous ne répondrons pas aux défis de la décénnie – à nouveau mis en exergue par la crise sanitaire actuelle – que sont la protection de notre environnement, du Vivant, et la lutte contre le réchauffement climatique.
Si nous n’agissons pas rapidement et à grande échelle, cette situation, qui nous paraît exceptionnelle, risque de durer et de se reproduire. Pour conserver notre modèle de société et nos équilibres économiques, nous devons impérativement mettre en œuvre une transformation profonde de ce qui guide nos actions.
La récente décision du Conseil d’Etat français, qui tend à accélérer la mise en œuvre de l’Accord de Paris en demandant à l’Etat de justifier ses actions en matière de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, s’inscrit dans cette dynamique.
Je suis convaincue que les entreprises ont un rôle déterminant à jouer, car elles canalisent la force d’agir et d’investir pour relever les défis de mettre en œuvre la transition écologique et protéger la biodiversité, deux axes transversaux et fondamentaux de l’action de CNR.
Afin d’opérer une transformation rapide et efficace de nos modèles, elles ne doivent pas être seules. Les pouvoirs publics ont la responsabilité d’encourager et d’orienter ces actions. En ce sens, les plans de relance nationaux et européens représentent des impulsions politiques fortes, accompagnées de moyens financiers sans précédents, qui faciliteront l’innovation pour mettre l’économie au service de l’environnement.
A ce titre, les votes en cours sur le budget et le plan de relance européens sont une réelle opportunité de fixer des objectifs ambitieux pour l’environnement, le climat et une relance juste de l’économie européenne.
En opposition au monde d’hier, nous avons beaucoup parlé du monde de demain. Il est temps d’accélérer sa construction pour en faire le monde d’aujourd’hui.
Les instances européennes se mobilisent actuellement pour dessiner le futur de l’Union européenne sous le signe de la neutralité carbone. Comment vous associez-vous à cette dynamique ?
Grâce à notre modèle d’entreprise, nous nous positionnons comme un partenaire de l’Union européenne pour la mise en œuvre de la transition écologique au cœur des territoires.
A cette fin, le Green Deal porte une vision inédite pour l’Europe. Il montre la voie à suivre et témoigne de la volonté profonde de mettre en œuvre un changement systémique. CNR entend s’unir à cette dynamique pour mener des actions collaboratives et ambitieuses afin de dynamiser l’émergence et la strucutration de filières européennes d’avenir.
C’est dans cette optique que nous avons par exemple souhaité nous associer à des partenaires locaux, dont le Port de Marseille et Voies navigables de France, dans le cadre d’une initiative d’envergure à l’échelle de l’axe Méditerranée-Rhône-Saône et qui a pour objectif de modéliser le port durable et intelligent de demain. Elle permettra de démontrer des solutions techniques et organisationelles innovantes pour les énergies vertes, le verdissement des transports et l’optimisation des opérations logistiques. CNR valorise plusieurs actions pour une logistique efficiente et durable ainsi que le déploiement de l’hydrogène renouvelable au service de la mobilité, de l’industrie et pour des usages de stockage. Afin de favoriser la mise en œuvre de ces innovations à grande échelle, plusieurs acteurs portuaires européens sont impliqués à nos côtés.
En conférant une grande visibilité aux bonnes pratiques et en permettant de lever des verrous financiers, les projets multi-thématiques et très collaboratifs, encouragés et soutenus par l’Union européenne, sont un moyen efficace de porter une transition systémique à plusieurs échelles.